Parfois un livre est une
image miniature de l’œuvre entière à laquelle il appartient. On
peut dire ça par exemple des Trois contes de Flaubert. On
peut sans doute le dire aussi de Frères sorcières, d'Antoine
Volodine. Les entrevoûtes y sont trois aussi, structure la plus
simple possible pour ce genre post-exotique commenté dans le
Post-exotisme en dix leçons, leçon onze, et déjà illustré de
ce côté du monde par Nos animaux préférés d'Antoine
Volodine et Avec les moines-soldats de Lutz Bassmann. C'est
peut-être aussi, des trois recueils d'entrevoûtes qui nous sont
donnés à lire, celui où les écarts de genres et de ton sont les
plus importants. La première voix est celle d'Eliane Schubert, au
nom presque bien de chez nous, et le lecteur qui n'aurait jamais lu
Volodine et commencerait par Frères sorcières ne serait pas
complètement dépaysé, me disais-je en lisant cette première
entrevoûte (sauf à entrevoir, et c'est sans doute là le discret
essentiel, quand parle Eliane Schubert, et à qui).
La deuxième entrevoûte est un genre dans le genre, puisqu'il s'agit
du texte intégral des « vociférations », théâtre ou
magie, magie et théâtre, « cantopéra » présent à
l'esprit d'Eliane Schubert tout au long de sa vie, même après que
cette comédienne ambulante a été enlevée et... Mais ce billet n'a
pas pour propos de vous résumer une histoire. Rappelons seulement
que le théâtre, chez Volodine, est à la fois genre et sujet.
« Faire théâtre ou mourir », s'intitule la première
entrevoûte – et cela aurait dû être le titre du livre entier,
nous confie l'auteur. La troisième, et dernière, s'intitule Dura
nox, sed nox et n'est constituée que d'une seule longue phrase
sans fin. Car tout simplement il n'y a pas de fin à la vie de l'être
que l'on y suit, vivant de corps en corps, tantôt femme, tantôt
homme, par la magie, depuis le big bang jusqu'à la fin des temps –
qui présente quelques ressemblances avec le Soloviei de Terminus radieux, mais non, c'est encore autre chose. En contrepoint de la
première entrevoûte, cette dernière est aussi celle où l'humour
de Volodine, humour du désastre évidemment, donne sa part la plus
grande.
Mince, que ce billet est
scolaire, à la relecture, surtout en comparaison avec le livre dont
j'essaie de parler. Ce doit être un effet l'approche de la rentrée.
Mais s'il peut donner envie de lire Frères sorcières, alors
ça vaut peut-être le coup de le poster.
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