Hier soir grâce à la
librairie Charybde j’ai donc eu l’occasion de me livrer à un exercice d’un
genre nouveau : parler de l’auteur dont l’œuvre a été vraiment
déterminante dans mon propre travail. J’espère avoir été intéressant, on m’a
assuré que oui, tant mieux. En tout cas personnellement j’ai été intéressé,
vraiment, d’être amené à me poser franchement à moi-même les questions sur ce
qui a compté, ce qui a résonné, depuis l’œuvre d’autrui jusque dans mes textes. Beckett emploie à plusieurs reprises le mot « consanguin »,
notamment dans l’Innommable. Voilà. On est tout seul quand on écrit mais
en même temps en contact direct avec tous ceux qui partagent le même langage,
et qui sont d’abord ceux qu’on a lus. Aurais-je pu me livrer – la question m’a
traversé après coup – au même exercice à propos d’un autre auteur que
Beckett ? A priori évidemment pas mais si je me pose la question, tout de
même, si, sans doute n’aurait-il pas été illégitime que le fasse pour Flaubert,
ou pour Kafka, ou pour Nerval, ou pour Coleridge. A l’échelle d’une soirée,
ç’aurait été possible. Mais quand même, non, ça n’aurait rien eu à voir. La
présence de Beckett, pour moi, tutélaire comme on dit, et mes efforts pour que
tout ça ne se voie pas, ça pourrait être le sujet d’un livre entier, même si a
priori ce livre-là je ne l’écrirai pas.
Pour compléter cette belle
journée d’hier, à l’occasion de la publication de Mémoires des failles, la
revue Florilettres de la Fondation La Poste me consacre son dernier dossier,
qui vient juste de paraître. J’y réponds aux questions de Nathalie Jungerman à
propos de Mémoires des failles et de la place que ce texte occupe parmi
les autres, il y a de la matière ; Beckett lui-même d’ailleurs n’est pas
oublié, ainsi que d’autres livres passés ou à paraître, voire à l’état de
simples projet ; le tout accompagné d’un article de Corinne Amar sur Vie
des hauts plateaux, allez-y donc voir : c’est là.
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