Ma
cheville me fait un mal de chien. Elle est toute rouge et elle a doublé
de volume. Je vois déjà d’ici venir les
rieurs : j’ai bien dit ma cheville, pas mes chevilles. J’ai dû me
faire une entorse – ça ressemble vraiment à une entorse –, mais je ne m’en souviens pas.
Aucun faux pas de ma part.
Ça a commencé lundi soir, discrètement, après une journée de quasi
repos, justement. J’ai pensé aussi à une mygale, qui m’aurait piqué à
mon insu (la douleur concerne exclusivement la zone
malléolaire, cette précision me tracasse). En tout cas je déguste.
Hier soir je ne pouvais plus mettre le pied par terre. Mon dernier
billet aussi s’en ressent. Ce matin, ça s’est très vaguement
calmé juste le temps d’assurer la matinée de cours. Je vais vous
dire : je soupçonne un double de moi-même, dans une dimension parallèle,
qui aura eu l’idée saugrenue de consacrer mon talent
au football. Comme je suis un être sensible, j’enfle aussi par
compassion inconsciente. Je hais le foot. Et je hais encore plus ce
crétin de double footballeur.
La
douleur est un truc idiot. Elle empêche de penser à autre chose
qu’elle-même. Elle est sûrement à l’origine de
l’autofiction. La mienne, tout de même, est encore plus bête que les
autres. Cette façon qu’elle a de ne s’attacher qu’à une cheville ! Une
migraine, on dira ce qu’on voudra, ça a quand même
plus de gueule. En plus, une migraine, ça a le bon goût de ne pas se
montrer. Ça donne juste une belle expression douloureuse au migraineux.
On voit qu’il s’en passe, des choses, dans sa tête.
Alors que ma douleur, regardez moi ça comme c’est peu seyant, rose
vif et informe (d’autant plus que mes chevilles sont plutôt gracieuses,
en temps normal). Ecœurant. Vous êtes bien bons de lire
ce billet. Enfin, on se soigne comme on peut.
La puissance des mouches de Blaise Pascal : une mouche qui bourdonne suffit à anéantir le travail de la raison (une envie d'éternuer aussi) - alors une entorse, vous êtes tout excusé!
Sûr, ce n'est pas un pied de biche ni une cheville de danseuse.
(allez consulter tout de même)
;-)