Affichage des articles dont le libellé est Quartett. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Quartett. Afficher tous les articles

mardi 24 juin 2025

je voudrais que l’un de nous reconnaisse

Les bosses dans le dos je marche. Maintenant je suinte et depuis ce matin je me dis que je suis déjà passé par là. Je marche et ma forêt est loin derrière et dans ma valise je ne sais plus. Sans doute les kilomètres jouent. Je marche et j’ai froid cela n’est pas nouveau tout de même j’ai froid et ne vois rien se dessiner. La fatigue joue. Sans doute. Les kilomètres c’est un déplacement bloc par bloc. Les transitions sont des vagues discrètes sinon on ne marcherait pas. On n’y arriverait pas. Les kilomètres installent la transe. Je marche. Les blocs cognent et produisent un choc une électricité qui pourrait me manquer. Je marche c’est mon corps j’ai inventé la distance j’appelle mon corps j’attends je voudrais que l’un de nous reconnaisse.

Delphine Arras, Je plonge des bleus, éditions Quartett.



mardi 27 mai 2025

Ce que le vague a à dire selon Juice Casaganthe et Fanny Quément

Document 28 : « Le dit du vague : manifeste pour un avachissement de l’élocution », publié sur les internets


Il se dit que le vague a beaucoup à dire et ce que le vague a à dire tient d’abord dans un hiatus.

Vague a à dire. Vagaadir.

Le vague ahane. Le vague éclot dans l’interstice. Là dans le hiatus, dans le remous des voyelles, il étire les voyelles, les entrebâille. Il bâille, bouche grand-ouverte – vague est un ogre. Il dévore les consonnes et parfois même des syllabes entières.

Pour bien l’accueillir il est recommandé de :

se délier la mâchoire

défaire les points d’articulation

parler en dormant

parler cotonneux

parler bête

bouche béer.


Je viens de vous recopier la page 73 de Juice Casaganthe, qui vient de paraître dans la toute nouvelle collection Prose libre des éditions Quartett. Le langage est matière. Fanny Quément décline les sens.



mercredi 4 décembre 2024

Dans la forêt de Shiho Kasahara

Dans la forêt qui manque est un livre un peu mystérieux de Shiho Kasahara qui pourrait se lire comme un poème alors que c’est une pièce de théâtre – publiée chez Quartett ; c’est peut-être un poème de théâtre ? Il y est question de la langue comme d’un lieu – « elle est où ta langue » – langue française maternelle, langue japonaise paternelle ; car on habite la langue, comme on a habité la forêt de l’enfance. Je n’ai que le livre entre les mains pour parler de la pièce ; il faudrait la jouer pour qu’elle parle d’elle-même. Bientôt peut-être ?