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samedi 5 mars 2016

N'importe quoi sur Richard Millet

Donc Richard Millet serait licencié par Gallimard pour avoir dit du mal de Maylis de Kerangal. Je lis ça ici, je ne sais si c'est une information mais enfin voilà. Apparemment, si je lis bien, l'idée de Millet c'était d'expliquer pourquoi la littérature française est nulle. Maylis de Kerangal est donc la littérature française, elle a dû être heureuse de le savoir. A moins qu'elle ait été simplement surprise, ça me paraît plus vraisemblable.
Je ne sais pas bien pourquoi j'écris ce billet. Je me sens un peu comme Liev, là ; je ne comprends pas trop ce qui se passe. Je me rappelle bien cette histoire de pétition lors de l'affaire Breivik, oui ; j'avais même écrit un billet dessus ; enfin j'avoue que c'était surtout pour me payer la tête de Patrick Besson. Donc Richard Millet va être licencié parce qu'il trouve que la littérature française qui n'est autre que Maylis de Kerangal un peu comme Batman s'appelle Bruce Wayne dans la vraie vie est nulle d'avoir signé une punition contre lui. Il y a une vague apparence de logique dans tout ça finalement. Ça vaut peut-être le coup de se poser deux ou trois questions quand même, peut-être que mon cerveau résistera, qui sait.
D'abord : la littérature française est-elle nulle ? J'avoue être assez mal placé pour répondre à une telle question : je n'ai lu qu'un seul livre de Maylis de Kerangal, c'était Réparer les vivants. Si Richard Millet m'avait averti plus tôt que c'était elle la littérature française j'en aurais lu d'autres. D'autant plus que j'ai trouvé ça bien, Réparer les vivants. Je ne dirais pas que c'est un coup de cœur, en tout cas je l'ai lu avec un vrai plaisir, ce qui n'est pas rien. Peut-être même avec davantage de plaisir que Dévorations, de Richard Millet, que j'avais trouvé intéressant aussi sans avoir été vraiment transporté quand même. Maintenant que je sais que ça n'était pas de la littérature française je me dis que c'est moins grave.
Allez, prenons des risques. Remettons en question la thèse de Millet. Maylis de Kerangal est-elle vraiment la littérature française ? Pourquoi la littérature française ne serait-elle pas quelqu'un d'autre ? Pourquoi, soyons fous, ne serait-elle pas Richard Millet en personne ? Là, je devine pourquoi non : Millet veut être tout seul. Il n'a besoin de personne en Harley-Davidson. Richard Millet, ce n'est pas la littérature française, c'est le Christ gravissant le Golgotha. Son licenciement de chez Gallimard, c'est un clou supplémentaire, l'occasion rêvée d'un soupir de jouissance ; réjouissons-nous avec lui.
Maylis de Kerangal, au contraire, représenterait, résumerait à elle seule toute la littérature française. Volodine, c'est Maylis de Kerangal. Marcel Cohen, c'est Maylis de Kerangal. Céline Minard, Eric Chevillard, Pierre Alferi, autant de visages de Maylis de Kerangal. Ne parlons pas de Pierre Michon ou d'Eugène Savitzkaya. Quand Raymond Federman est mort, nous avons perdu un peu de Maylis de Kerangal. Si la parenté entre ces différents auteurs vous échappe, dites-vous qu'elle s'appelle Maylis de Kerangal.
Bon. On aurait pu espérer aussi que Millet dénonçât en même temps un certain simplisme de la pensée critique, qui réduit les auteurs à des emblèmes. Mais non, visiblement on ne peut pas l'imaginer. Millet ne pense pas la même chose que d'autres représentants du milieu littéraire, politiquement c'est évident ; en tout cas il pense de la même manière : par raccourcis. (Par exemple : confondre la littérature et sa représentation.)

Il est pas mal, ce nouvel ordi. Oui j'en ai changé, le précédent allait sur ses quatorze ans, deux fois l'âge de raison de le changer. Il me restait à écrire un truc avec, n'importe quoi peu importe ; c'est fait.
A propos de cette affaire ridicule, on lira avec plaisir sur Causeur l'article de Matthieu Falcone, qui prétend défendre Richard Millet en rappelant qu'il est l'éditeur d'Aurélien Bellanger. Ça s'appelle un coup bas ou je ne m'y connais pas.