Je lis chez Pierre Jourde que certains croient que les éditeurs
ne lisent pas les manuscrits, que le manuscrit d’un inconnu envoyé par la Poste n’a aucune chance d’être lu. Il y a même une jeune femme qui le serine à qui veut l’entendre sur
son blog. (C’est chez elle que j’ai appris que j’étais un mythe. Sachez-le : ici,
c’est un mythe qui vous parle.)
Cela
dit je comprends très bien son scepticisme : c’est tellement
invraisemblable ! D’ailleurs moi non
plus je n’y ai jamais cru. C’est l’une des raisons (mais pas la
seule) pour laquelle durant vingt-cinq ans ou presque d’écriture
quotidienne, je n’ai pour ainsi dire jamais rien envoyé à aucun
éditeur. Mais ça ne me scandalisait pas plus que ça ; au fond je
n’ai jamais tenu à être moi-même publié (même si aujourd’hui il ne me déplaît pas que mes livres le soient –
quand c’est bien fait). Et si M n’y avait pas cru à ma place, j’en serais encore là.
Je me souviens parfaitement de l’étonnement de mon éditeur, au Seuil,
de ne pas me voir sauter au
plafond. Et lui d’insister (avec honnêteté, notez-le) : Vous savez,
ce qui vous arrive là, ça n’arrive qu’une fois sur mille (ou dix mille ?
je ne sais plus) – décidément il voulait
vraiment me voir au plafond, tandis que je restais cloué au plancher
par l’incrédulité. Moins saint que Saint-Thomas, j’ai dû d’ailleurs
continuer à nourrir des doutes, malgré l’évidence.
N’empêche, celle-là, je ne peux pas la nier.
Maintenant,
si je voulais vraiment dire ce que je pense de l’édition, je serais
bien embêté. De ce que j’ai pu
voir ici et là – et même ailleurs, car ma chance insolente de
débutant inconscient n’a duré qu’un temps –, je ne saurais pas tirer la
moindre généralité. Les pratiques diffèrent. Normal :
les maisons aussi. Une idée tout de même (une évidence qui m’a
d’ailleurs guidé chez mon éditeur actuel) : il vaut mieux envoyer son
manuscrit à un éditeur dont on aime le travail.
Maintenant, si on n’aime rien…
Autant relire la correspondance de Flaubert pour remettre les pendules à l'heure, ces belles et rudes lettres écrites à Ducamp qui le presse d'éditer...
Monsieur PhA, les demi-habiles sont les plus nombreux et les plus bruyants (c'est là leur nature).
J'ai découvert Jourde par "Pays perdu", "La littérature sans estomac" est venue après, je n'ai pas apprécié car sa veine nihiliste - et certains de ses argumentaires (notamment sur PAG) laissent dubitatif, et Chevillard était déjà connu - bien que parfois drôle, n'est pas ma tasse de thé, ce qui ne m'a pas empêché de continuer à le découvrir - et je préfère ses essais et quelques-uns de ses romans à tout ce fratras d'articles que je trouve ridicules. Ce n'est qu'un avis personnel que tu es en droit de ne pas partager...
Bon, tu sais que personnellement, je préfère parler des livres que j'aime ; mais je ne suis pas sûr que ce soit par choix : un mauvais livre me fait mal comme si j'en étais l'auteur. (Bon, je te trouve dure pour le fatras ; mais ce n'est pas bien grave.)
Je passe mon tour...
(j'ai écouté une fois Pierre Jourde sur F.Culture, il m'avait un peu agacé mais je n'ai rien lu de cet auteur)
Est-ce que les mythes ont l'ouïe aussi fine que les mites? (°_°)
(Les mythes, quand ils étaient petits, ont eu beaucoup d'otites. Mais leur température, l'otite partie, est la même qu'aux mites. Pour l'ouïe, on ne sait pas.)
D'autres, Brebel, Annocque, Didier da, Fr. Matton, savent - j'imagine - que la littérature est certes littérature mais aussi communication d'une âme, d'une joie, d'une douleur. Communication de l'humain, tout simplement...
Putain, j'le dirai pas deux fois! Je veux dire : je n'oserai pas deux fois! :)
@ Philippe : En garde! J'ai ma poignée de coquillages et d'os de... faut que je relise... Hop! L'un de nous deux devra rentrer à pieds...
Ah ah je ne vous aime plus? Parce que je n'ai pas commenté votre dernier billet? Tsss! Il ne m'a pas inspiré, na! Si vous saviez les efforts que je fais pour que ce soit vous qui ne m'aimiez (qui ne m'aimassiez?;o)) plus hu hu!
Pour blâmer, encore faut-il avoir le cran, le temps ou le vicieux désir de lire des livres dont on devine facilement qu'on ne les aimera pas (ou alors être payé pour ça). A force, on finit bien par savoir où mettre ou ne pas mettre les pieds. C'est ce qui me surprend pour une bonne partie des auteurs à succès pourfendus par Pierre Jourde : l'idée de les lire ne m'était jamais venue à l'esprit. Je ne comprends pas bien sur quel masochisme de lecteur repose leur succès.
@Pluplu, Chevillard serait d'accord, il ne veut rien raconter, il dit lui-même que cette littérature là est finie, qu'il faut travailler qur la forme, le style, que la langue s'auto-suffit puisqu'elle ne se réfère plus qu'à elle-même.
Jourde, j'aime bien, je crois que c'est pays perdu que j'ai lu, c'est ce livre sur sa campagne natale? Moi aussi j'aime bine son coup de pied dans la fourmillère, après totu c'est un tradition littéraire aussi!
@Florence, c'est-quoi-que-vous-écrivez? que-je-le-lise...
'soupir'
Il faudrait quand même que je lise un bouquin de ce monsieur dont je me permets de commenter les articles sur son blog, Philippe Annocque, c'est cela ?
Pierre Jourde est vraiment un auteur intéressant, disparate (un livre ne suffit pas à se faire une idée) (et ce dernier aspect - notamment - m'intéresse). J'en touché un mot ici et là.
Chevillard ne démontre rien mais il dit des milliards de choses sur l'absurdité du monde, sur nos dérisoires arrogances et surtout avec une extraordinaire maestria du langage. Je dois cependant reconnaître que Choir est le premier que j'aie abandonné après m'être goulument jeté sur ses pages. Univers trop sombre. Pas la pêche pour absorber ça pour l'instant (plus tard peut-être). Enfin j'ai rencontré ces deux personnes en chair et en os. Ils sont l'un et l'autre épouvantablement sympathiques (je soupçonne Depluplu d'être jaloux