vendredi 2 janvier 2009

ça valait le coup

Après, j’ai pris le métro jusqu’à Montparnasse. J’avais décidé d’aller me taper un bon repas à La Coupole, où je n’avais jamais mangé avant.
 
J’ai mangé une douzaine d’huîtres, un steak tartare avec frites, une salade d’endives, un bon fromage de chèvre, une crème caramel, et j’ai dégusté une demi-bouteille de saint-émilion. Ça m’a coûté presque la moitié de l’argent que j’avais récolté, mais ça valait le coup.
 
Surtout qu’assis pas très loin de ma table, il y avait Jean-Paul Sartre avec Simone de Beauvoir et Boris Vian. Je dis la vérité. Ils étaient là, à La Coupole, en train de déjeuner. J’avais envie d’aller leur parler. De leur dire combien je les admirais. Leur dire que quand je suis parti en Amérique après la guerre, je me croyais exis­tentialiste, et j’emportais avec moi seulement deux livres : La Nausée de Sartre et J’irai cracher sur vos tombes de Vernon Sullivan. Je savais pas à l’époque que Vernon Sullivan, c’était Boris Vian. Voilà ce que j’aurais voulu leur dire, mais j’ai pas osé.
 
En tout cas ce jour-là j’ai bien mangé et j’ai bien rigolé.
 
Bon, cette histoire n’a rien à voir avec mon enfance puisque ça s’est passé après la guerre, après le cabinet de débarras, mais je crois qu’il fallait quand même la raconter. Et puis…
 
 
 
Oui, Federman, tu as eu raison d’avoir raconté cette histoire. Elle dit quand même quelque chose sur ton enfance, puisque que tu décris la distribution des prix et comment tu as gagné ce livret de la Caisse d’épargne à l’école.
 
C’est vrai. Alors je laisse ça ici, et je raconte autre chose maintenant.
 
 
Raymond Federman, Chut, LaureLi / Léo Scheer 2008, p.158-159.
 
 
 
 
 
Et l’extrait par mes soins est encore coupé à la va-comme-j’-te-pousse ; si vous voulez savoir l’histoire de la distribution des prix et comment des années après Federman récupère ses sous à la Caisse d’épargne vous n’aurez qu’à lire le livre ; parce que pour moi aujourd’hui c’était une manière de souhaiter la bienvenue à 2009, avec Federman il y a toujours une embellie à l’horizon. Bonne année à tous, et au monsieur sur la photo, chipée sur son blog.



Commentaires

Je n'avais pas eu la curiosité de visiter votre blog et j'ai réparé cette erreur depuis hier. Je butine "Par le hublot (droit)" et je découvre quelques billets passionnants, même si je suis un peu anéantie (mais admirative) par tant de culture. J'ai parcouru Beckett, Grozdanovitch (que j'aime beaucoup)et je suis là, chez Federman, ce qui tombe bien puisque vous m'avez conseillé "Chut".
Bref, je crois que "çà valait le coup" que je vienne ici. Il faut que je m'y attarde.
L'écran "bouffe" trop de mon temps et j'aime aussi tenir un livre entre mes mains. Faut parfois faire des choix.
Commentaire n°1 posté par Ambre le 22/12/2009 à 17h29
Bienvenue, Ambre ! Federman est l'une des vedettes de ce blog, il y a déjà cinq billets qui lui sont consacrés (numérotés entre parenthèses à côté de celui-ci, qui était le premier). Le hublot droit est le plus sérieux (quoique...), ne vous laissez pas impressionner. Je vous laisse découvrir les autres étages. Au plaisir de votre visite !
Réponse de PhA le 22/12/2009 à 18h09

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire