Dans la Moitié du fourbi, on peut
lire notamment ces lignes de Frédéric Fiolof, qui me parlent avec force :
« On cherche des clés. (…) Et
puis on oublie de chercher. On se laisse prendre dans l’épaisseur, aussi dérisoire
soit-elle, d’une existence à laquelle l’écriture a donné forme. Existence diminuée,
sans doute, mais celle-ci et pas une autre. Quelque chose ici, au fil des carnets,
au fil des mots microscopiques de Monsieur M., déjoue le savoir comme l’interprétation,
se place ailleurs, dans cet écart où vient se glisser une parole irréductible. Car,
en cartographiant le monde qui l’entoure de cette manière, en le traduisant en
chiffres, en notes anorexiques, Monsieur M. travaille néanmoins, pour reprendre
la formule de Michel de Certeau, à l’« invention du quotidien »,
de son quotidien. Il se réapproprie le monde, creuse peut-être là l’espace qui
lui permet de naviguer entre travail, solitude et maladie. Les carnets de
Monsieur M. relèvent de cette catégorie d’écrits qu’évoquait Jouannais, « qui
ne ressemblent à rien », capables d’« incomplétude »
comme des « pires excès ». Ils sont illisibles, au propre
comme au figuré. C’est bien pourquoi il faut les lire. »
Frédéric Fiolof, La moitié du fourbi n°1, « Lisible illisible, Les carnets de Monsieur M. »
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