Tel que vous me voyez là, en ce moment, j'écris. C'est pourquoi faute de temps je vous poste ce dessin qui a une vingtaine d'années, qui date d'une époque où j'avais le sentiment d'avoir vraiment beaucoup de mal à écrire, et qui me représente assez fidèlement au moment où j'écris.
mardi 30 décembre 2014
dimanche 28 décembre 2014
Le sens, quelle importance ?
1995, je crois. L'orientation de l'image a été curieusement modifiée par Blogger : pour bien faire il faudrait la faire basculer de 90 degrés vers la gauche. Mais après tout, le sens, quelle importance ?
vendredi 26 décembre 2014
Mon jeune grand-père (64)
Le 26 juin 1916
Mon cher Papa -
Le 23 a été pour moi une journée heureuse, j’ai reçu ta carte du 15 (j’imagine qu’elle doit répondre à la carte
d’Edmond du 29 mai, sa première longue carte) et tu peux te douter
comme cela m’a fait plaisir. Je commençais à trouver le temps long et je me
demandais pour quelle raison vous n’aviez pas encore de mes nouvelles. Enfin ma
première carte du 21 mai est quand même arrivée, c’est déjà quelque chose (non, c’est la première carte courte où
Edmond dit juste qu’il s’en est sorti indemne et qu’il est prisonnier)
l’officier qui s’est chargé de les faire partir ne nous a donc pas trompés.
D’un autre côté il est bien extraordinaire que ma carte du 29 de Mayence qui
devait partir immédiatement ne soit pas arrivée le 17, car je viens de recevoir
ce matin ta carte du 17. Notre correspondance ne subit pas de retard en passant
par Mayence et vous auriez pu en toute tranquillité m’expédier des colis. J’ai
hâte d’en recevoir ; surtout pour le pain, car pour moi surtout qui mange
beaucoup de pain il est embêtant d’être forcé de me rassassier. Je suppose qu’il voulait dire « me rationner ».
Je sais bien que les Allemands sont bien moins mangeurs de pain que les
Français, je crois qu’en Allemagne la pomme de terre s’est implantée bien plus
tôt dans les habitudes alimentaires parce que le pain y avait moins
d’importance. Voilà, ce sont à des choses comme ça aussi que je pense en lisant
ces mots, et aussi à l’expression d’Homère, les « hommes mangeurs de
pain », pour dire les hommes comme nous, les hommes humains. Je
crois qu’en outre du pain tu pourrais m’envoyer des biscuits pour prendre avec
le café c’est très bon. On en fait surtout de très bons chez Félix Potin. Félix Potin ! _ Le jeune
Jérôme est disparu le même jour que moi. Quel
âge avait-il pour qu’Edmond l’appelle « jeune » ?
J’ai interrogé des officiers de son régiment prisonniers avec moi, mais je n’ai
pas pu savoir ce qu’il était devenu. Pour Beaugez, j’espérais qu’il avait pu se
(je crois que c’est
« sauver » mais je n’arrive pas à lire), mais maintenant
il n’y a plus que 2 hypothèses : il est tué ou blessé et soigné dans un
hôpital allemand. Ce présent,
« il est tué », me retient. Sa mort est présente. La mort évidemment
est partout présente. Le temps s’est remis au beau depuis
quelques jours, il fait même très chaud. C’est
déjà la manière d’Edmond : ne pas s’attarder sur les choses qu’on est
quand même obligé de dire, quitte à passer sans transition aux banalités. Les
banalités sont là pour dire que la vie est toujours la vie, en juin il fait
beau et chaud, en juin 1916 comme en n’importe quel juin. Samedi
j’ai fait une bonne promenade au dehors du camp. Je t’embrasse bien fort mon
cher papa, ainsi que maman, Geneviève et Louis et toute la famille. Ton fils
qui t’aime. EAnnocque
mardi 23 décembre 2014
Hublot de l’homme (10)
L’homme est une espèce en voie de
disparition à l’état sauvage.
L’homme est un primate dont la
queue n’est pas préhensile parce qu’il n’en a pas.
L’homme est un euarchonte,
figurez-vous. Comme le toupaye et le colugo.
lundi 22 décembre 2014
Hublot domestique : local d’entretien (2)
Contrairement à celui de ses
habitants, le thermostat de la maison ne doit pas être programmé sur 37 degrés.
L’aspirateur bien compris aspire
son propre fil après emploi, puis son tube aussi s’escamote à l’intérieur de
lui-même.
Javel je ne boirai pas de ton
eau.
samedi 20 décembre 2014
lettre de sécurité
Le Q de la coquille est la
coquille elle-même et les lettres qui restent la couille qu’elle nous cache.
vendredi 19 décembre 2014
Du nouveau sur les Hauts Plateaux
Et cette fois-ci c'est sur La Cause Littéraire, sous la plume de Philippe Chauché, et ça me donne envie de me relire, tiens. Cliquez donc en attendant.
jeudi 18 décembre 2014
Mon jeune grand-père (63)
Mes chers
parents 19 juin
Cette
carte-là ressemble bien davantage à celles qui suivront. Elle est prise dans le
sens vertical, et l’écriture très serrée au crayon à papier bien taillé en
remplit toute la surface. Il manque l’année, toutefois. 1916. Edmond n’imagine
pas combien de temps il restera là. A Reisen.
J’attendais toujours pour vous
écrire d’avoir de vos nouvelles mais je ne vois rien venir. Je commence à
trouver le temps long. Prends
patience, Edmond ; tu n’as pas fini d’attendre. Il y a un
capitaine qui a écrit en même temps que nous et qui a déjà reçu trois lettres. Mais tes parents n’ont pas encore reçu la
carte où tu donnes ton adresse, ils ne la recevront qu’après-demain. Dieu sait
quand arrivera celle que tu es en train d’écrire. C’est bizarre,
mais enfin il faut prendre son mal en patience. Et puis je pense que vous avez
dû être plus malheureux que moi, si vous n’avez pas reçu de mes nouvelles
rapidement. On nous avait pourtant bien promis que les cartes du 21 et du 29
partiraient tout de suite. Elles
ont fini par arriver, en tout cas. Car je ne sais pas si je vous
l’ai dit mais nos lettres restent 10 jours en dépôt avant de partir. Le temps
continue à être mauvais, il ne se passe pas une journée sans pluie ou orage. Je
passe mes journées à faire un peu d’allemand, je traduis les communiqués dans
les journaux allemands. _ Les promenades à l’extérieur ont commencé. Je suis
sorti jeudi. Je marque par un tiret
bas l’étirement volontaire de certains points qui servent manifestement à faire
l’économie d’un changement de paragraphe. Nous avons été nous
promener une heure et demie dans la campagne. _ Hier dimanche, nous avons été à
la messe à l’église de Reisen. Mon commandant a dans sa cantine des lettres
qu’il ne voudrait pas que sa famille ait. Il avait donné des instructions à
Dagnicourt. Il m’a demandé de demander à papa s’il ne voudrait pas se charger
de rappeler à Dagnicourt « qu’il n’oublie pas les recommandations faites
au sujet des lettres de la sacoche placée dans le bissac de la selle. » Si
les cantines sont arrivées au dépôt, il voudrait que tu lui fasses envoyer en
colis de cinq kilos : le linge, les cols de tunique et poignets ficelés,
les portefeuilles livres, une tunique bleue avec la culotte, des souliers et
des bandes molletières. Il voudrait qu’on envoie à sa famille sa sellerie, ses
manteaux bleus et sa peau de bique. Si cela n’était pas possible dis-le
moi ; mais fais tout ton possible, car je serai heureux d’avoir pu lui
rendre service, car c’est un brave type. Il voudrait aussi qu’on lui expédie
ici les paquets arrivés à son adresse depuis le 20 mai. Je te rappelle son
nom : Ct Germain du Pavillon (ou
peut-être plutôt Guain du Pavillon ; une requête Google éclair ne m’en dit
pas plus). _ Le courrier de ce soir vient d’arriver, il n’y a encore
rien pour moi. Et il n’y aura rien
demain, ni après-demain. Mais ça viendra. Je vous quitte en vous
embrassant bien fort tous les deux ainsi que Geneviève et Louis et toute la
famille. Votre fils qui vous aime de tout son cœur. EAnnocque
mercredi 17 décembre 2014
Un regard sur Rien
C’est celui de Charybde 7, de la
librairie Charybde (qu’on ne présente plus mais qu’on vous recommande vivement de visiter),
sur mon dernier premier roman Rien (qu’une affaire de regard), et c’est
sur Sens Critique :
Jeune étudiant avec peu d’expérience, sexuelle notamment,
Herbert Kahn ne manque pas d’ambition. Il caresse l’espoir de devenir
écrivain, travaille sur le manuscrit de son premier roman, au titre
révélateur, «Le Conflit», tente de mettre en scène sa pièce de théâtre,
et rêve de séduire les filles et d'être regretté. Malgré ce
volontarisme, Herbert ne fait qu'effleurer son existence, sans cesse
tourmenté par la conscience de lui-même, occupé à s’observer plutôt qu’à
vivre.
«Comment ces gens peuvent-ils savoir qu’il existe, alors que lui-même en est à peine certain ?»
À distance de la vie, c’est difficile d’en jouir ; alors le cours de
l’existence d’Herbert, héros impuissant, prend l’allure d’une impasse,
plutôt que celle d’un fleuve.
«Il imagine la possibilité de faire l’amour en dormant, le sommeil
étant le seul moyen de s’abstraire suffisamment de soi-même pour
éprouver un plaisir purement physique.»
Oscillant en permanence entre des rêves de gloire et une perception
pitoyable de lui-même, Herbert, personnage complaisant et velléitaire,
agace souvent. Mais il attendrit aussi. Il est si familier.
«Sa pensée de pur plaisir le propulse ensuite, comme d’habitude, dans
un futur glorieux où, au-delà d’un succès d’abord modeste, se dessine
bien vite une réussite telle – aussi bien en tant que comédien, que
metteur en scène, que dramaturge ; sans oublier son œuvre romanesque,
poétique, critique, et pourquoi pas philosophique – que son
invraisemblance finit par le gêner quelque peu.»
Premier roman de Philippe Annocque, revu et republié par Quidam
éditeur en 2014, «Rien (qu’une affaire de regard)» est un livre
ironique, souvent très drôle, et cet homme qui sans cesse se questionne
sur le cours de sa vie donne envie de replonger dans le magnifique
«Liquide», du même auteur (Quidam éditeur, 2009).
«C’est à peine si elle le regarde quand Marie enfin nue se précipite à
nouveau sur lui, lui-même a à peine eu le temps de la voir, il ressent
surtout le contact dur des articulations et se demande pourquoi donc les
filles s’obstinent à faire du régime, ce sont surtout des mots qu’il se
dit dans sa tête, par peur de la trouver vide. Alors que dans un souci
de justice il commence à admettre que c’est aussi, pour moitié, sa
propre maigreur qui rend inconfortable leur étreinte, un goût soudain et
incongru fait irruption dans sa bouche, qu’il croit sans enthousiasme
identifier comme celui du cassoulet, et lui fait se rendre compte qu’ils
sont en train de s’embrasser ; il peut quand même constater que, à
force d’expérience, l’activité est nettement moins laborieuse et
douloureuse que ce qu’il a déjà connu.»
mardi 16 décembre 2014
les grincements
Veiller à ce que les portes ne
grincent pas. En premier lieu, au premier lieu, qu’aucune porte surtout. Le grincement
c’est la porte poussée lentement ça veut dire l’éradication de la franchise, ça
veut dire l’imminence du danger, ça veut dire lenteur, poids, violence en
suspens. Qu’aucune porte ne grince. Inscrire cette condition au haut de chaque
page, en préambule de chaque conversation. Une porte qui grince glace le sang. Une
porte qui grince porte ouverte à la terreur, à l’asphyxie, aux souvenirs,
visages collés contre la rétine. Une porte qui grince c’est toujours dans ton
dos quand tu penses à autre chose, quand tu crois à ces mots improbables sécurité
– tranquillité – sérénité. La porte grince, ton dos se durcit, ta mémoire s’affole,
ta salive en crue, ton espace envahi, la contamination rampe, te voilà acculée,
la menace grince.
Perrine Le Querrec, La
Patagonie, Les Carnets du Dessert de Lune, 2014, p. 22.
lundi 15 décembre 2014
Hublot de l’homme (9)
L’homme est un animal qui parle
parce qu’il ne sait ni rugir ni beugler ni miauler ni bêler ni glapir ni glatir
ni caqueter ni craqueter ni croasser ni coasser ni chicoter ni blatérer ni
bourdonner ni feuler ni braire ni barrir ni hennir ni bramer ni gazouiller ni
pépier ni trompeter ni cancaner ni cacaber ni jaboter ni grouiner ni striduler
ni baréter ni zinzinuler ni boubouler ni clapir ni hululer ni trisser ni
caracouler ni coqueliner ni clabauder ni nasiller ni pupuler ni coucouler ni
bégueter ni rauquer ni raire.
dimanche 14 décembre 2014
Hublot domestique : local d’entretien
Parce que le débarras n’est pas
forcément bon.
Les aspirations de l’aspirateur
ne sont pas les nôtres.
Quel confort de contempler la
tempête mise en boîte par le hublot du lave-linge ! (Mais pourquoi diable
faut-il que le naufrage soit toujours celui d’un voilier ?)
samedi 13 décembre 2014
lettre enflammée
Le i de la bougie est la bougie
elle-même et les lettres qui restent ce qui bouge sous le point de sa flamme.
vendredi 12 décembre 2014
Mon jeune grand-père (62)
Il
n’y a pas de date à celle-ci. Juste quelques lignes au crayon à papier,
espacées ; en plus de ce qu’elles disent j’y lis aussi le désir d’être le
plus lisible possible : de cette carte dépendra le lien, le seul possible.
La correspondance.
Voici ma nouvelle
adresse :
Sous-lieutenant
Edmond Annocque
Stübe 79
Offiziergefangenenlager
Reisen
(« Reisen » est souligné deux
fois.)
Province in
Posen
(« in » est raturé quatre fois,
sans lever le crayon.)
Allemagne
Un
tampon au dos de la carte indique « 10 JUN 16 ». Quelqu’un, mon
arrière-grand-père j’imagine, a rajouté presque verticalement « 21
juin ». La carte a mis onze jours. Elle servira d’étalon aux suivantes,
sans doute : trois semaines seront donc nécessaires à un échange
véritable.
Je
suis né un 10 juin. La captivité d’Edmond aura peut-être été l’une des plus
notables, parmi les innombrables conditions nécessaires à cet improbable et
lointain événement. Puisque en réalité tout est lié. Puisque malgré les
apparences tout est lié.
mercredi 10 décembre 2014
Le montreur d’ours et le patron de presse
Le montreur d’ours
Il va de village en village avec
son ours de Sibérie, un bel animal capturé tout petit dans la forêt de
Listvianka, au dessus du lac Baïkal (lequel contient 20% des réserves d’eau
douce de la planète, ce qui n’empêcha pas l’auteur de ce livre de mettre les
pieds dedans, soit dit en passant comme toute chose). Des chasseurs avaient tué
la mère. Il adopta l’ourson.
Il a bu mon lait comme si
j’étais elle.
Puis il est devenu ce magnifique
animal de six cents kilos, haut de deux mètres, au pelage presque noir. Une
bête de cette taille vous décapite d’un seul coup de patte. Omnivore comme tout
un chacun : si la purée de carotte ou le miel viennent à manquer, il se
contente d’un rôti proprement dévêtu et déchaussé qu’il dévore ensuite avec les
grandes fourchettes extraites de ses manches de fourrure.
Mais Omoul n’a jamais tué
personne.
Brave bête docile et bien nourrie
à laquelle il a appris à danser en rond, à bercer une poupée, à rattraper un
ballon, puis encore à hocher la tête de haut en bas ou de droite à gauche en
réponse à ses questions. Veux-tu une pomme ? L’ours acquiesce. As-tu voté Poutine ?
L’ours dément, et fait claquer ses babines. Ils se sont montrés partout en
Russie, il est temps d’exporter le spectacle.
Nous avons obtenu un visa pour
la France.
L’exil est une épreuve amère. Quand
l’avion a survolé le Baïkal, Omoul a laissé échapper un petit gémissement.
Ensemble, ils vont de foire en foire. L’ours porte un large collier clouté de cuir
rouge qu’une chaîne relie au bracelet renforcé de son maître. Quand ils
arrivent sur la place, on s’attroupe, on ouvre de grands yeux. Des ours, on en
a vu souvent, mais :
Un montreur d’ours !
Eric Chevillard, Dans
la zone d’activité, Fata Morgana, 2014, p. 53-54.
Le boucher, le clown,
l’ophtalmologiste, le maraîcher, le brancardier, le maître-nageur, le vitrier,
le libraire, le directeur des ressources humaines, le guide de haute montagne,
le saisonnier, le mathématicien, le chargé de communication, le notaire, le
grutier, le coureur de 100 mètres, le montreur d’ours (ci-dessus), l’antiquaire,
le berger, le médecin, le torero, la caissière, le maroquinier, le marchand
d’armes, la trapéziste, l’huissier, le pape, le rédacteur funéraire se
retrouvent donc dans la zone d’activité d’Eric Chevillard. C’est souvent
féroce car on sait l’homme mauvais, hargneux, haineux même, et pourtant, une
fois n’est pas coutume, je suis resté légèrement sur ma faim. Il manquait
quelque chose. Et d’un coup, cette évidence : le patron de presse !
Il a oublié le patron de presse. Avouez que c’est dommage.
(Une précision. Personnellement
j’ai lu, je lirai sans doute encore Modiano avec bonheur. Et je trouve
qu’émettre des réserves quand on en a sur l’un des nombreux livres d’un auteur
justement reconnu, c’est une marque de considération bien plus forte que
l’admiration béate que l’on voue trop souvent à des figures illustres alors que
seule l’œuvre compte. Nous sommes sans doute quelques-uns à l’entendre de la
sorte. Des réserves, je n’en ai pas à proprement parler concernant Dans la
zone d’activité, sinon je ne le citerai pas ici ; mais si vous n’avez
jamais lu Chevillard chez Fata Morgana, je vous conseillerai de passer en
priorité par le Péloponnèse, qui conserve ma préférence.)
mardi 9 décembre 2014
Nocturama de G. Mar
On pourrait être tenté de croire
que pour dire le monde il suffirait de le regarder, les yeux ouverts,
écarquillés même pour plus de clairvoyance, en pleine lumière. L’esprit lucide.
Mais on sait bien qu’on ne voit que la surface du monde. L’évidence cacherait
l’essentiel s’il y en avait un – on n’en sait rien. Alors autant fermer les
yeux. On le voit quand même, le monde, on s’y voit aussi, même. Et ce qu’on y
voit, c’est autre chose. Ou bien la même chose, mais autrement. En perpétuelle
découverte :
TCHERNOBYL
Nous (qui ? je ne le sais
pas encore) sommes dans une maison crépie sans étage située en périphérie, à l’écart
du surplomb de ce qui doit être une ville du Sud de la France (à moins que ce
ne soit la Crimée) – paysage de basses montagnes rocailleuses à la végétation
rare tout autour de cette villa et, de l’autre côté de la route (il y a à présent
une route), une centrale nucléaire (il fait très chaud) d’un genre spécial
puisqu’elle fonctionne au gaz – nous, c’est moi et ma femme – flamboyante,
neuve, avec des gazoducs et des cuves de stockage de chrome – nous venons
certainement d’emménager après avoir quitté le Nord, ses mers de briques et ses
terrils en guise de montagnes Sainte-Victoire.
p.35
Chicago aussi est dans les
Ardennes et Rome outre-Atlantique. Une descente du narrateur en pirogue parmi
les îles sénégalaises du Saloum vers un secret que doit lui montrer l’imam ami
perdu de vue depuis tant d’années est en même temps l’évocation des avions
percutant les tours du World Trade Center :
Cheik s’est remis à pagayer –
plus un son sinon celui de sa rame qui remue l’onde – derrière nous le feu ne
luit plus – les enfant se sont tus – Cheik navigue à l’instinct sous un ciel
étoilé – je sens les cendres provenant des tours en feu continuer de tomber –
elles se mélangent à l’humidité qui nous ruisselle sur la peau et forme avec
elle une pâte épaisse à l’odeur de poisson laissé à pourrir – d’un doigt je me
dessine à l’aveugle des ronds creux sur les bras et le torse
p. 76
Se dessiner à l’aveugle des
signes sur le corps c’est peut-être aussi tout simplement ce que fait G. Mar dans
ce livre qui vient tout juste de paraître et dont on ne s’étonnera qu’il vienne
côtoyer Quoi faire de Pablo Katchadjian dans la nouvelle et très
onirique collection POC ! des belles éditions Le Grand Os.
Romain Verger aussi a lu Nocturama
– Textes-Rêves & Hypnagogies (le sous-titre est un programme),
faites un détour par sa Membrane.
lundi 8 décembre 2014
J’ai de la chance.
L’autre jour j’étais en voiture
et je me disais que j’avais de la chance. « Je », je veux dire celui
qui en moi écrit ; j’ai sans doute de la chance ailleurs aussi mais c’est
un autre sujet. Et puis je tombe sur une interview de Volodine (c’est dans
Livre-Hebdo mais il faut être abonné ; je ne sais pas d’ailleurs comment
j’y ai eu accès, là je ne peux plus) dont le titre est parlant : « Le
commerce actuel du livre est une manière de transformer la censure » ;
ainsi d’ailleurs que le chapeau : « Pour le prix Médicis 2014, la pression exercée par le marché du livre sur
les écrivains les incite à s’autocensurer. » Et c’est pour
ça que j’ai de la chance – en fait. Entendons-nous. Je suis entré non pas dans
l’écriture mais disons dans la littérature officielle par, allez, une grande
porte : éditions du Seuil, rentrée littéraire et tout le toutim ; et
avec un texte que j’aime toujours mais qui avait été écrit très consciemment pour
qu’il soit publié. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a été publié aussi
facilement. J’avais parfaitement conscience qu’à côté des qualités qui font que
je l’aime toujours, il avait aussi un peu celles d’un produit assez facilement
commercialisable. Ce livre était aussi une manière de franchir le Rubicon. Après quoi, me
disais-je, je pourrais écrire ce que je veux – c’est-à-dire à chaque fois autre
chose, à chaque fois un premier livre, non pas seulement mon premier livre,
mais le premier livre, comme si tout restait à faire, carrément, comme si on
pouvait tout remettre en jeu. Les choses n’ont pas marché comme je l’imaginais,
proposer autre chose est un risque (de perdre des lecteurs, disons-le)
que toutes les maisons d’édition ne sont pas prêtes à prendre – il faut dire aussi
que je n’en avais déjà pas tant. Mais là où j’ai de la chance, c’est que
désormais libéré des contraintes qui pèsent sur un auteur dont on attend que
chaque titre se vende à plusieurs milliers d’exemplaires et qui vont
nécessairement, comme le dit Volodine, influer sur son travail, l’inciter à
renoncer à tel projet trop risqué qui pourtant le tenterait bien, je peux me
permettre de proposer à des éditeurs courageux (ou fous, ou ivres, ou de bon goût,
c’est selon) ce qui me tient à cœur, ce qui me fait envie de lire (car c’est
cette envie aussi qui me fait écrire : être le premier lecteur d’un texte
qui s’écrit sous mes yeux et dont l’écriture même est ma propre aventure) sans
me soucier d’impératifs commerciaux. C’est ce que je me disais en voiture
l’autre jour : honnêtement, si le Seuil avait accepté (en plus c’est passé
à un cheveu, à ce qu’il paraît) de publier Par temps clair (mon vrai
deuxième livre publié plus tard dans des circonstances défavorables hors sujet
dans ce billet), je n’aurais sans doute jamais écrit Chroniques et la
plupart des livres qui ont suivi. En tout cas pas sous cette forme. Et c’est
particulièrement vrai de Vie des hauts plateaux, et aussi de mes deux
prochains livres, dont il est encore trop tôt pour parler. Et quand j’y pense,
je trouve que ça aurait été dommage.
samedi 6 décembre 2014
mon oreille à Limours
Demain après midi je serai avec mon oreille au Salon du Livre jeunesse de Limours, en dédicace de ladite oreille sur le stand de la librairie Interlignes. C'est à la Scène, 1 bis rue Michel Berger, à Limours donc, en Hurepoix, même. Les grandes personnes ne sont pas interdites.
Vous aurez droit en prime à un atelier d'écriture animé par Pascale Petit en (grande ?) personne.
(Vous pouvez cliquer sur l'image pour regarder dans mon oreille.)
(Vous pouvez cliquer sur l'image pour regarder dans mon oreille.)
vendredi 5 décembre 2014
Mon jeune grand-père (61)
Et
voici donc à présent sa première vraie carte. Elle est encore tenue
horizontalement mais l’écriture d’Edmond, au crayon à papier, y occupe tout
l’espace. Je la retourne et constate que l’Offiziergefangenenlager n’est pas
encore Reisen in Posen mais, en lettres majuscules, MAINZ. Mayence, donc. On
est bien loin encore de la Pologne.
Le 29 mai 1916. Mes bien chers parents. La ligne, horizontale, est longue. Il y a la place pour
« bien ». Edmond espace même les mots.
Je puis enfin aujourd’hui vous
donner de mes nouvelles. Vous pouvez vous rassurer sur mon sort. J’ai échappé à
la fournaise et je suis encore en excellente santé. « Fournaise », c’est la première fois que je vois ce
mot sous la plume d’Edmond. C’est vrai aussi que je n’ai pas pris les cartes
dans l’ordre. Je sais très peu de choses de mon grand-père. Avant de lire ces
cartes, de la guerre, je savais qu’il avait été prisonnier en Allemagne après
que la tranchée où il se trouvait avait été passée au lance-flamme. Est-ce
comme ça qu’on dit ? Ils seraient deux à avoir survécu et à avoir été
faits prisonniers. L’autre soldat n’étant pas officier s’est forcément retrouvé
ailleurs. J’ai bien pensé à vous tous ces jours-ci. Dans quelle
inquiétude vous avez dû vivre ! Inquiétude
inversée. Je suis prisonnier avec mon commandant, cinq autres
officiers du bataillon, les 2 majors et l’aumônier. Gillet est également prisonnier
mais il n’est pas avec nous, car les soldats ont été dirigés sur un autre camp.
Gillet. C’est sans doute le soldat
de la tranchée brûlée. Je me souviens que plus tard dans sa correspondance ce
nom de Gillet reviendra. Une madame Gillet, et une Lolotte Gillet. En même
temps, c’est un nom courant. Je ne sais pas ce qu’est devenu
Beauguez (si je lis bien).
Depuis que je suis prisonnier, j’ai passé (je
n’arrive pas à lire si c’est « six » ou « dix », c’est
raturé) jours à Stencey (ça
ne doit pas être ça, ça ne fait pas très allemand) et nous sommes
maintenant à Mayence dans la citadelle. Aussitôt
dans mon esprit les tours de la Grande Illusion, je crois que c’est le Château
du Haut-Kœnigsbourg qui a servi au tournage. Nous sommes en
quarantaine pour cinq ou six jours. Nous avons pris un bain et nos effets sont
désinfectés. Nous sommes bien traités. Les officiers allemands sont très
corrects avec nous. La nourriture n’est pas trop mauvaise ici. Un « ici » prémonitoire ?
Mais ce qui manque surtout, c’est le pain. Nous avons le droit d’écrire 6 fois
par mois. Voilà. Ça correspond à la
régularité des cartes d’Edmond. 2 lettres et 4 cartes. Il y a en effet des lettres à côté des
cartes d’Edmond, mais comme elles sont à part j’ai commencé par les cartes.
Nous pouvons recevoir tous les colis que nous voulons. Comme adresse vous
n’avez qu’à copier ce qui est dans le cadre de l’autre côté de la carte. Dans
le prochain colis mettez-moi C’est
écrit de plus en plus serré, je n’arrive pas à lire sauf le derniers
mots : mouchoirs. Nous avons pu nous procurer quelques objets
de première nécessité. J’avais sur moi un peu d’argent. Pour l’instant je crois
que j’en aurai assez. Les officiers qui J’ai
beau me mettre en plein sous la lampe, je n’arrive pas à lire, c’est écrit de plus
en plus serré. Il y a une bibliothèque. On pourra tout de même vivre
en attendant la victoire. Il y a
une bibliothèque. On pourra tout de même vivre en attendant la victoire.
Je vous embrasse bien bien fort et de tout mon cœur ainsi que toute la famille.
Votre fils qui vous aime de tout son cœur. E (et
le reste de la signature est vraiment illisible).
jeudi 4 décembre 2014
Hublot de l'homme (8)
L’homme est le plus noble
conquérant du cheval et le fidèle ami du chien.
L’homme est le seul animal plus
cochon que le cochon.
mercredi 3 décembre 2014
Hublot domestique : les combles
Allez savoir pourquoi, depuis que
j’ai fait aménager les combles, la souris a élu domicile à côté de
l’ordinateur.
Une infiltration par le toit.
Quelle tuile !
mardi 2 décembre 2014
entretion sur les hauts plateaux
Bon, puisque vous voulez en savoir plus sur Vie des hauts plateaux, je vais tout vous dire. Ou presque tout. Ou plutôt je vais le dire à Louise Bottu, tiens. Là.
lundi 1 décembre 2014
dimanche 30 novembre 2014
Les CoQuillages de Jean-Pierre Le Goff
Les éditions des Grands Champs
qui nous avaient régalé l’an dernier de la merveilleuse Botanique parallèle de Leo Lionni nous propose cette année un nouvel objet d’émerveillement, lequel
prend pour sujet un autre objet d’émerveillement. J’avoue que je n’en
connaissais pas l’auteur, c’est pourquoi en bon élève je vous recopie sa
présentation en quatrième de couverture : « Jean-Pïerre Le Goff
(1942-2012), fils d’un marin perdu en mer, a très jeune fréquenté surréalisme,
pansémiotique, banalyse et ’pataphysique. Dans chacun de ses écrits, l’évidence
reste la même : le fil secret du monde est aussi ténu qu’infini, et
immense est la joie de le tirer. » En l’occurrence, c’est de la coquille
qu’il la tire, ou plutôt du coquillage, des coquillages, rares ou communs, ceux
qui nous fascinaient enfants et ceux que nous n’osions pas imaginer, toute une
collection sans doute, qu’on sent posée en face de lui, objets sur la table et
objet de la pensée, sécrétion du mollusque disparu sécrétant à son tour un
nouvel habitacle, ce livre CoQuillages :
« La plupart des notes de ce
livre sont construites sur des enchaînements de pensées, souvent d’une
viabilité ténue, mais qui n’en sont pas moins des raisonnements. Elles sont à
l’image des coquillages qui semblent le produit d’une déduction de
propositions, ou tout au moins d’une réflexion. Il est logique que ces textes
calquent les processus perçus à la confrontation de l’esprit aux
coquillages »
écrit Le Goff aux pages 162-163
de ces CoQuillages, donc, qui sont sans doute aussi probablement à
l’origine du caractère bizarrement spiralé que je découvre à l’instant au
développement de cette note même, que vous avez sous les yeux, vous étonnant de
me voir tant tarder à vous signaler la coquille de ce titre, qui manquait au
texte comme le mollusque à sa coquille déshabitée, et lui a été trouvée par son
préfacier Didier Semin, coquille (et référence à Boris Vian de Le Goff à
l’intérieur du texte) oblige, dont il ne faudra pas manquer de lire la
lumineuse préface.
On aura compris que CoQuillages
est tout à la fois un livre sur les coquillages et un livre sur notre rapport
aux coquillages, livre aussi bien de nature que de culture donc, j’en pourrais
prendre pour exemples quelques perles car en effet il y en est question, mais
je préfère signaler le cône marmoreus de Rembrandt, rendez-vous page 50,
qui ignorant la nature dextrogyre de l’enroulement de ce gastéropode, en
réalisa une gravure fidèle dont l’impression mécanique le représentant en
miroir en fait un coquillage imaginaire sans que la volonté de l’artiste y soit
pour quelque chose. L’homme, frère du mollusque à son insu, prend conscience
que sa conscience même obéit à des lois qui le dépassent.
Et puisque décembre arrive, c’est
le moment de rappeler que CoQuillages est aussi un beau livre non
seulement parce que c’est un beau livre, mais aussi parce qu’il appartient à
cette catégorie aux somptueuses illustrations, qu’on aime à offrir à un lecteur
précieux.
vendredi 28 novembre 2014
Mon jeune grand-père (60)
C’est
donc sa deuxième carte, en tant que prisonnier. Très courte aussi : elle
n’a qu’une chose à dire. Les mots eux-mêmes ne sont pas vraiment utiles,
l’écriture suffirait. A dire : « Je suis vivant. » Elle est
aussi écrite à l’horizontale, une mention imprimée en caractères gothiques y
invite :
Geschrieben
den………………………….191
Edmond
a complété par 22 Mai et
a rajouté un 6 après
191.
Mes chers Parents
Deux mots pour vous tranquiliser (La faute est récurrente, et il n’y a que
sur ce mot qu’il y en a une. La tranquillité est une faute.) et vous
dire que je suis prisonnier et toujours en excellente santé. Je vous embrasse
tous bien forts.
Votre fils qui vous aime de tout
son cœur
EAnnocque
Bien
sûr, il n’a pas encore l’assurance que sa carte de la veille parvienne à ses
parents. Deux précautions valent mieux qu’une. Deux précautions. En haut à
gauche un tampon à l’encre rouge indique :
Ne pas répondre à
Wahn.
Attendre des
indications
ultérieures.
jeudi 27 novembre 2014
Un Poisson dans la cathosphère
Une fois n'est pas coutume, un peu de politique locale - pas si locale que ça. Jean-Frédéric Poisson, député de la 10e circonscription des Yvelines (la mienne, quoi), vote donc contre la résolution sur l'avortement et s'en explique. Ce qu'il oublie de dire, c'est qu'il croit ainsi tirer la leçon de son échec face à Anny Poursinoff en 2010, qu'il doit peut-être en partie (j'espère que non mais j'ai quelques doutes) au fait fait qu'il n'a pas été soutenu par les catholiques intégristes locaux, lesquels ne voient de différences entre l'UMP et le PS sur les questions de "bioéthique". La ligne de démarcation de notre Poisson est donc cousue de fil blanc, si j'ose dire. Je pourrais vous mettre un lien car la "cathosphère" est active sur Internet mais franchement je n'ai pas trop envie. Tapez entre guillemets "l'échec d'un idiot utile" sur Google si vous tenez vraiment à avoir un exemple.
mercredi 26 novembre 2014
Le franc parler de Nicolas
Il y a une chose que l'on ne peut pas reprocher à Nicolas Sarkozy, c'est sa franchise. On avait bien compris que le choix de ses collaborateurs (puisque c'est ainsi qu'il lui est parfois arrivé de parler de ses ministres) lui était dicté davantage par l'image qu'ils pouvaient donner que par leurs compétences ; le voici qui, soucieux de transparence, nous le clame à nouveau : Rachida Dati et Rama Yade ont été nommées en vertu de leurs origines, parce que "ça se voit". Au cas où on n'aurait pas compris. Voilà. Et je trouve ça très bien, qu'il le dise, puisqu'il le pense. Comme ça on sait, si on ne savait pas déjà.
mardi 25 novembre 2014
lundi 24 novembre 2014
Le casque et la plume
La guerre est déclarée. Rendez-vous
compte : un écrivain majeur qu’on avait pour certains réussi à tenir
depuis plus de trente ans dans une relative obscurité et pour d’autres ignoré
complètement sans se poser de questions s’est vu attribuer l’un des prestigieux
prix littéraires de l’automne, auxquels plus personne ne croit mais qui dans l’ensemble
permettent de donner l’illusion au plus grand nombre que la littérature
française contemporaine ce serait ceci, alors qu’en fait non pas du tout. Je n’en
trouve plus mes mots. Le temps que je les cherche, écoutez donc le Masque et la Plume évoquer le prix Médicis de Volodine, vous comprendrez. Et puis tiens, lisez ce qu’en dit Claro, qui a dégainé avant
moi.
***
Bon. (J’écris en direct, hein.) Je
vois qu’un commentateur du Clavier cannibale dit que cette émission lui a donné
envie de lire Terminus radieux. Il a deux fois raison, dans son envie
bien sûr et aussi en affirmant que cette émission peut donner envie de lire le
livre. Le meilleur défenseur malgré lui dans cette affaire étant sans doute
Arnaud Viviant, dont l’étalage de bile est tel qu’il laisse lire entre les
lignes. C’est clair qu’il se passe quelque chose d’inadmissible à ses yeux. Sa vulgarité
parle d’elle-même, et c’est dommage que la plupart des auditeurs ne puisse pas
la mettre en regard avec la discrétion et de la modestie de Volodine lors de
ses apparitions en public. Que Volodine puisse susciter tant d’aigreur, ça
intrigue. Que le lecteur ne se laisse pas arrêter non plus par Jérôme Garcin,
qui trouve le livre difficile. Visiblement cet homme est fatigué, ça peut
arriver à tout le monde. Volodine est un auteur à coup sûr différent mais vraiment
très accessible, et Terminus radieux (qui, rappelons-le, doit quelque chose à Ilia Mouromietz et le rossignol brigand de son hétéronyme Elli
Kronauer, publié à l’Ecole des Loisirs, mais oui, même les enfants peuvent lire
Volodine) est au contraire l’un des livres les plus accessibles de son auteur,
et c’est d’ailleurs sans doute ce qui a emporté la décision du jury : c’est
une très bonne entrée dans l’univers de Volodine pour les lecteurs qui ne le
connaîtraient pas encore. Un petit mot quand même pour Olivia de Lamberterie,
pour qui personne n’a lu Volodine, carrément : on retrouve là ce trait
magistral de l’ignorance érigée en guise d’argument, cher aussi par ailleurs à
Patrick Besson et à Etienne de Montéty ; on peut la féliciter.
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