Veiller à ce que les portes ne
grincent pas. En premier lieu, au premier lieu, qu’aucune porte surtout. Le grincement
c’est la porte poussée lentement ça veut dire l’éradication de la franchise, ça
veut dire l’imminence du danger, ça veut dire lenteur, poids, violence en
suspens. Qu’aucune porte ne grince. Inscrire cette condition au haut de chaque
page, en préambule de chaque conversation. Une porte qui grince glace le sang. Une
porte qui grince porte ouverte à la terreur, à l’asphyxie, aux souvenirs,
visages collés contre la rétine. Une porte qui grince c’est toujours dans ton
dos quand tu penses à autre chose, quand tu crois à ces mots improbables sécurité
– tranquillité – sérénité. La porte grince, ton dos se durcit, ta mémoire s’affole,
ta salive en crue, ton espace envahi, la contamination rampe, te voilà acculée,
la menace grince.
Perrine Le Querrec, La
Patagonie, Les Carnets du Dessert de Lune, 2014, p. 22.
Repéré d'autres extraits. C'est très fort et très beau.
RépondreSupprimerLe travail de Perrine Le Querrec mérite vraiment la découverte. Son Plancher aussi est formidable : http://hublots2.blogspot.fr/2013/03/la-bouche-pleine-de-plancher.html
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