Une fois n’est
pas coutume, me voici échangé ! c’est le premier vendredi du mois et les
vases communicants entre blogs : mes Hublots
accueillent L’employée aux écritures (chez qui vous me trouverez au travail aujourd’hui). C’est bien sûr Martine Sonnet, dont l’Atelier 62 reste dans notre souvenir.
Par
les hublots, L’employée aux écritures voit sa vie mise en pièces d’eau.
D’abord il n’y en pas : elle
vient au monde à la campagne, il n’y a pas d’eau, seulement à la
pompe sur le côté de la maison, alors les brocs, les baquets, les
marmites et les lessiveuses sur le trépied au dessus des flammes
dans la cheminée, et encore des casseroles posées sur le fourneau à
bois. Elle grandit à la ville avec tout le confort, salle de bains avec
fenêtre et baignoire (même si seulement sabot
dans laquelle se plier en quatre), et lavabo ; les carrelages tout
autour qui ne montent pas assez haut : on éclabousse à côté. Les
lessiveuses ça continue un certain temps, mais
perchées sur la cuisinière à gaz. En vacances, longtemps elle
retourne chercher l’eau à la pompe, et sa mère reprend le chemin du
lavoir. Plus tard, au temps des étés d’étudiante passés à gratter
le sol (ça la travaille, savoir si c’était du même tonneau la vie de
bien avant, et même néolithique), obligée de camper sauvagement sur le
chantier avec jerrycans d’eau remplis à la ferme et
virée hebdomadaire le samedi après-midi aux bains-douches municipaux
les plus proches ; le savon qu’on apporte au fond du gant roulé
lui-même dans la serviette, et le berlingot de shampoing
rose bonbon qui ne sert qu’une fois acheté à la caissière. Dans la
vie du reste de l’année, il y a les pièces d’eau des autres, où ne fait
que passer et reste toujours un peu gauche,
s’ébouillante parfois faute d’identifier à temps l’eau chaude/l’eau
froide, ne sait pas où poser ses affaires (la tablette déjà pleine) ni
où faire sécher sa serviette ; et celles occupées
en titre, qu’elle organise à sa mode. Déménagements réguliers et les
salles d’eau vont du riquiqui au spacieux – les carrelages montent de
plus en plus haut. Grand jeu de variables à
l’œuvre : douche ou baignoire (et à combien on se met dessous ou
dedans), avec ou sans fenêtre (vasistas ou qui s’ouvre à
l’espagnolette), robinets qui mitigent ou mélanges à faire
soi-même, persistance ou non d’anciens standards de confort
hygiénique incarnés par la présence d’un bidet, faïences blanche ou de
couleur, géométrie variable du séchoir à linge, plus ou moins
garni de bodys et grenouillères, évincés au fil des ans par les
jeans et les tee-shirts. Toujours et partout, le tube néon et la glace au
dessus du lavabo. Sauf que l’image renvoyée, toute buée dissipée : de plus en plus floue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire