Fable sur le sommeil.
Comme
elle s’était endormie totalement ivre la veille, la prisonnière des
plus beaux rêves du circuit Blanc se
réveilla un beau matin à la porte du cauchemar : en cheveux,
démaquillée, les larmes aux yeux, un filet d’étain fondu marbrant son
visage, elle tendit les mains vers ses clopes mais n’eut
pas le temps de les saisir; elle aperçut l’ennui sans rien en
ressentir.
Une
deuxième fois ses yeux s’ouvrirent (elle sentit le cuir d’un canapé de
terrasse sous ses doigts) sur
l’ennui : elle se fit du café sans le voir. Elle entreprit de
traverser le couloir d'une centaine de mètres de long qui l’amènerait
jusqu’à la salle de bains. Elle se perdit au début, au
milieu, à la fin. Elle repartit vers la cuisine, un tube de
somnifères dans chaque joue.
La
troisième fois les couvertures écossaises à carreaux roses couvraient
une bouche au goût de citron et de sel et
des yeux sans images, incapables de repérer dans l’environnement un
pourtant omniprésent sentiment de vide. Regard vague qui n’eut pas plus
de conséquences.
Trop fatiguée pour se tuer, elle but du jus d’orange pour se donner la mort. Un quart d’heure plus tard, elle
regardait encore atone une rangée de couteaux inoxydables.
Alors
elle se rendormit et la peau douce des longues phalanges, claire, rose,
et jaune de clopes chaudes entre le
majeur et l’index, réapparut sur toute la surface. Réparé de
lui-même, le circuit Blanc reprenait conscience et refaisait sa
jonction, mettant un terme à l’expression maladroite de ces rêves
ordinaires.
La fable indique que l’ennui est indépassable. La morale trouve ça plutôt triste, mais bon, on va pas non plus en
faire un fromage.
Ludovic Bablon, NEW YORK TROIS MACHINES D’AMOUR À MORT, « Fabuleuse Helen Smith, 5 » Les Petits
matins, 2010, p. 103-104.
Le Renard y a été trop fort, il a beau appuyer sur Move Up, le tas de pixels morts nommé Sarah Cohen ne veut pas
se redresser. Bon, il va quand même pas jouer tout seul ?
Alors est-ce qu’elle s’en sortira mieux s’il lui redonne une chance ? Allez, il lui propose un rôle dans une
version améliorée de New York.
Cette version, intitulée Renardville – We Win, You Lose, est un jeu de colonisation dont voici le
scénario.
La mythique ville de New York a disparu sous les hordes barbares et les tornades de boules de feu. Il ne reste
rien qu’un immense terrain vierge. Le but est de construire Renardville en un minimum de temps et avant l’adversaire.
Dans
ce jeu, Sarah Cohen incarne la tentation de créer une gigantesque
mégalopole, censée prospérer à partir de
rien. Un Renard aux talents de promoteur immobilier lui donne pas
mal de fil à retordre. Son propre module d’intelligence Artificielle
donne à Sarah Cohen le droit d’installer sous le nom de
cité « New York » quelques tentes primitives dans les zones des
marais périphériques.
Ludovic Bablon, NEW YORK TROIS MACHINES D’AMOUR À MORT, « Sarah Cohen, icône du jeu vidéo, 5 »
Les Petits matins, 2010, p. 110-111.
C’est le stade des Prairies Rougissantes au stade où elle a vraiment l’impression de jouer contre un mur noir. Et
en effet on peut dire que le coup du Bloc Noir lui pose quelques problèmes tactiques.
Elle
perçoit parfaitement les trajectoires qui entrent et sortent de sa
moitié de terrain, mais tout se passe
comme si un bloc d’impensé noir avait atterri sur l’autre moitié du
court, constituant une zone franchement pas claire, on pourrait même
dire opaque, du circuit électrique, dont le masquage
diminue d’autant la lisibilité des trajectoires et donc la
réactivité de la joueuse.
Côté circuit Noir par contre, ça ne se passe trop mal. En fait, pendant les quand même neuf heures que dure le
Bloc Noir, eh bien à
tout moment il se sent bien dans son tennis et déambule en long, en
large, pensif. Il semble attendre, patiemment appuyé
contre le battement immobile de son bloc-raquette, que s’ouvre une
voie, un havre, une opportunité. Ses coups droits en miroir sont
appliqués, puissants, et réguliers, mais ses pensées sont
ailleurs, et au lieu de perdre son temps à se demander Tiens,
voyons voir, quel effet ferait une balle projetée à 300 km/h dans un
morceau se matériau synthétique reproduisant la texture
du crâne, humain ?, il préfère par un examen que les plus
chauds qualifieraient d’« a freddo » consulter deux électromyographies
d’un coup de tennis complet de Mademoiselle
Bauer.
Ludovic Bablon, NEW YORK TROIS MACHINES D’AMOUR À MORT, « Frida Bauer, B comme Bauer, V comme…, 5 »
Les Petits matins, 2010, p. 118-119.
Commentaires
Non, non, et non! Je ne vous écoute pas, je me bouche les oreilles! Je
n'achèterai plus de livres avant... pas longtemps j'imagine!
Commentaire n°1
posté par
Depluloin
le 28/02/2010 à 19h42
Il ne faut pas dire "Fontaine je ne boirai pas de ton eau" car qui a
bu boira, qui vole un oeuf vole un boeuf et qui m'aime me suive.
Réponse de
PhA
le 28/02/2010 à 20h07
Pour ne pas vous laisser emmerder Loïs, je n'ai rien lu. Par contre
les condos (condensateurs de liaison) sur la photo, c'est des Philips ou
des MKP ?
Commentaire n°2
posté par
Anna de Sandre
le 01/03/2010 à 10h26
Mais enfin, vous ne voyez pas que c'est une maquette de New York, la
ville où les jeunes femmes se meurent d'amour pour des circuits
électroniques ? N'avez-vous pas remarqué comme on y voit la vie
en rose ? Lisez donc ce mode d'emploi signé Bablon, vous comprendrez
tout.
Réponse de
PhA
le 01/03/2010 à 12h29
Hors de question !
Commentaire n°3
posté par
Anna de Sandre
le 01/03/2010 à 13h23
Lisez, je le veux.
Réponse de
PhA
le 01/03/2010 à 16h01
Oooooh, je vois une grande lumière céleste !
Commentaire n°4
posté par
Anna de Sandre
le 01/03/2010 à 18h20