Voilà : c’est le dernier livre signé « Antoine Volodine ». On approche de la fin.
Enfant, je me souviens que je me disais souvent que le temps qui me séparait de ma mort serait toujours divisible à l’infini.
Je pourrai toujours lire les Volodine que je n’ai pas encore lus, et les Manuela Draeger de l’école des loisirs, et les autres Eli Kronauer, puisque j’ai lu tous les Lutz Bassmann. Et puis je les relirai, tous.
L’instant qui nous sépare de la fin est le sujet même de Vivre dans le feu. Le brave soldat Sam voit déferler vers lui la nappe de napalm à laquelle il n’échappera pas. « Au jugé », il « dispose d’une seconde ». Il a donc tout son temps : « autant composer un roman ». Vivre dans le feu est ce roman, « hurlé en accéléré, à toute vitesse ». Et Vivre dans le feu est aussi le programme, dans ce roman hurlé à toute vitesse, auquel est assigné le jeune Sam (je dis « jeune » car ce sont ses nombreuses grand-mères et tantes qui se chargent de son apprentissage ; en réalité Sam doit avoir environ entre huit ans et trois cents ans). Vivre dans le feu est d’ailleurs le titre du livre que, depuis l’intérieur du feu, grand-père Iakoub a hurlé à son épouse, grand-mère Rebecca, qui le fait lire à Sam, car à lui aussi, son destin est de Vivre dans le feu.
N’ayez pas peur du feu, tel est le conseil que, après côtoyé toutes ces tantes et ces grand-mères, je donnerais au lecteur qui ne connaîtrait ni l’univers du feu, ni celui de Volodine, ni celui du post-exotisme qui consume dans ce livre ses antépénultièmes pages. C’est un roman tout à fait facile d’accès, et de manière presque ironique, une excellente entrée dans l’univers de Volodine. Je l’ai même trouvé – oserais-je le dire ? – plein de douceur. Le feu, on s’y fait.
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