jeudi 18 janvier 2024

Le Contrat, par Franquin et Kafka, épisode 2

Peut-être après tout ce petit homme blond et frêle n’avait-il pas vraiment eu l’intention de se moquer de Messerschmied. Il avait l’air sincèrement désolé, sincèrement surpris aussi. Il y avait peut-être une explication, même si elle échappait à Messerschmied. Après tout, il ne s’était rien passé de grave, rien en tout cas qui justifiât de renoncer à la signature du contrat. Messerschmied pouvait bien redonner une chance à Monsieur Witz – c’était ainsi que se nommait le petit homme blond. Alors il était là de nouveau, dans les locaux de l’entreprise, devant le bureau de Monsieur Witz. Un individu stationnait là aussi, près de la porte. Messerschmied lui demanda de bien vouloir informer Monsieur Witz de sa présence ; il était là pour la signature du contrat. Le quidam ne réagit pas. Il restait immobile, les yeux dans le vague, complètement amorphe. C’était comme si la personne qui prenait la peine de s’adresser à lui n’existait pas. Messerschmied était venu, il s’était déplacé exprès pour signer le contrat, et on faisait comme s’il n’existait pas. Comme s’il n’existait pas. C’était scandaleux, c’était proprement inacceptable. Il ne pouvait accepter un tel affront. Il fallait sortir au plus tôt de cet asile. C’est ce qu’il fit aussitôt, tandis que Monsieur Witz sortait enfin de son bureau en balbutiant d’incompréhensibles excuses.

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