Je n’aime pas beaucoup essayer de mettre des mots sur ce que je fais. Encore moins essayer d’en mettre un seul sur
ce que je suis par ce que je fais. Ecrivain, j’ai du mal. Romancier ? C’est bien pire. Les poètes, eux, sont poètes ; ce n’est pas plus mal durant une seconde
– sûrement parce que je ne suis pas directement concerné : très vite c’est à peine mieux. Auteur, d’accord – mais pas dans le vide, comme ça, en suspens. Non : auteur
de, suivi de la liste. Mais je n’y crois pas bien, au fond, à ces listes. Même auteur de, j’ai du mal à y croire. L’auteur est-il vraiment l’auteur de son texte ? Qui me dit
que ce n’est pas plutôt le texte qui est l’auteur de l’auteur ?
Quand je pense qu’il y en a qui, non content(e)s de cette croix, veulent la surcharger d’un e. Le jeu de
mots de l’écrivain n’était pas assez lourd comme ça, il
faut en rajouter. La chance d’être un homme dans cette histoire, c’est
bien que le masculin n’existe pas en français. (C’est quoi
la marque du masculin en français ? C’est rien. Le masculin, c’est
du neutre. Le féminin en revanche, il existe : il y a un e.) Ça donne de l’auteure, de
l’écrivaine, de la poétesse-que-c’en-est-une ?, de la romancière-à-la-romance-d’hier… Ça me fait penser aux écrivains francophones, tiens. Espèce de
francophone ! (De langue française, je préfère : c’est quand même moins exclusif.) Ou le rayon gay, même combat.
Plus on rajoute du sens, plus on exclut. Non, écrivain,
tout court, au fond, ce n’était pas mal. Flaubert
est un écrivain, ça va très bien. Kafka, Woolf, Michaux, Beckett,
pas de problème. Pas besoin de se demander si c’est du roman ou non, de
la poésie ou non. (Il y en a qui se battent encore
là-dessus. Alors que la première question, c’est quand même est-ce que ça vaut la peine ?
Merci à ceux dont les piles chez Virgin nous mettent tous d’accord.)
Comment donc se
fait-il que ça devient si lourd à porter ? Le poids de nos aînés ?
Ou plutôt l’excessive légèreté de certains de nos contemporains, si
légers qu’ils flottent grassement à la
surface ?
Le transexuel mettant la main à la plume (si j'ose dire), on le mettra dans quelle boîte ?
Ecrivain, tout simplement, et puis, pour sourire : "littérateur" !
L'impression de n'avoir rien apporté au débat... Qui reste à quoi ça sert?
Le problème c'est que beaucoup "d'écrivaillons" (j'invente) se prennent aujourd'hui pour des écrivains...
(et là, je suis heureuse de voir que Ch. Borhen réapparaît et qu'il est en vie...)
(désolée)
(Ambre, coucou!)
Belle note de lecture ! (mince ! il ne fallait pas la lire...) En tout cas elle a une belle bibliographie, j'irai y voir de plus près. (J'ai bêtement dévié vers la mise au féminin quand mon propos principal concernait le nom qu'on donne à la personne derrière le texte.)