dimanche 4 avril 2010

un beau manuscrit

Je me suis vu, figurez-vous, propriétaire d’un beau manuscrit, qu’une certitude irrationnelle me fait attribuer à Jacques Roubaud. Il s’agissait d’un cahier grand format, à petits carreaux, entièrement écrit à la main, que j’ai longuement feuilleté avec délice – bien qu’il n’y eût dedans aucune lettre. On pouvait y admirer quantité de divisions savantes. Savantes car il y avait toute sorte de racines carrées, cubiques ou pires encore, au diviseur comme au dividende ; ce qui ne les empêchait pas d’être posées avec la simplicité de nos maîtresses de l’école primaire : les deux traits perpendiculaires tracés avec soin à la règle, et les chiffres notés d’une belle écriture appliquée, presque impossible, bien en colonne, en respectant les carreaux de la page. Bien sûr, quelque chose vous empêche de comprendre la beauté de la chose : vous n’étiez pas dans mon rêve – car probablement c’en était un. En tout cas, c’était beau, au point que j’insistais pour le montrer à mon petit garçon, qu’il en prenne de la graine. Ça m’est revenu d’un coup dans l’escalier, tout à l’heure, en parlant avec M. Quant à Jacques Roubaud, s’il s’est introduit chez moi de la sorte, c’est sans doute parce qu’il était assis à côté, tout près, mercredi dernier.


Commentaires

Un fort joli rêve, en tout ca...
Commentaire n°1 posté par Pierre Durtal le 04/04/2010 à 09h55
Merci. (J'y passe une bonne partie de la vie.)
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 10h10
Il manque, lorsque l'on écrit sur un blog, ce quadrillage de la page - qui encadre fermement et souplement, en même temps, la pensée.
Ce type de logiciel doit sans doute exister sur Internet, non ?
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 04/04/2010 à 10h32
C'est que l'on vit dans l'illusion que la main n'a plus besoin d'être tenue. Mais il existe des quadrillages discrets.
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 10h38
Dans cette guerre éditoriale ouverte, une question : combien de divisions, Monsieur Hublot ?
Commentaire n°3 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 04/04/2010 à 11h11
Ma foi, cette lecture militaire des divisions m'avait échappé (pour la même raison sans doute que je ne parviens pas à me voir d'avant-garde).
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 11h29
Philippe, je ne sais pas ce que vous en pensez mais ce cher Hasselmann est beaucoup plus doué pour incruster des couleurs dans les commentaires que pour manier la calméra au Salon du Livre. (Pardon pour cet aparté.)
Commentaire n°4 posté par Chr.Borhen le 04/04/2010 à 11h21
C'est que pour les couleurs, il s'entraîne tous les jours ! (Quant à manier la caméra, son inconscient a dû m'entendre bafouiller et n'a pas voulu m'enfoncer.)
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 11h34
@ Chr. Bohren : quand elle se calmera, les poules feront des oeufs !
@ Philippe : oui, cet acte manqué, au Salon du Livre de Paris, a évité le naufrage... pourtant imperceptible...
Commentaire n°5 posté par Dominique Hasselmann le 04/04/2010 à 11h37
C'est sans doute mon trac qui a détraqué la machine !
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 12h06
cadre de pensée
pensée de cadre
pense-t-on le cadre et en ce cas d'où avant d'y penser dans ? 
Commentaire n°6 posté par albin le 04/04/2010 à 11h38
Et penser le cadre pour pouvoir penser hors du cadre.
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 12h07
...Avant-garde...me fait glisser vers ... Jeune garde :  "Prenez garde!  Prenez garde! A l'avant garde qui descend sur le pavé..."  (et la suite est assommante).
Commentaire n°7 posté par Gilbert Pinna, le blog graphique le 04/04/2010 à 11h45
Mais où donc ai-je bien pu fourrer ma faucille ?
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 20h42
Hors cadre, je peux dire que la voix de PhA est une belle voix, telle que je l'avais "entendue" en lisant ses livres.
Les cahiers quadrillés, à grands carreaux, à petits carreaux... mais, bien sûr qu'on peut "comprendre la beauté de la chose"! Et la langue qu'on tire aussi, en s'appliquant... 
Commentaire n°8 posté par Ambre le 04/04/2010 à 12h43
Et encore, vous ne m'avez pas entendu pousser la chansonnette. (Tous aux abris !)
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 20h43
Ce genre de rêve n'a rien de sybillin : le manuscrit représente l'enfance, Jacques Roubaud la transfiguration d'un impossible carré de verdure, le quadrillage le visage d'une beauté maintes fois esquissé, et le diviseur la balafre, la césure, la censure.
Commentaire n°9 posté par Havelock le 04/04/2010 à 20h08
Pourtant c'était précisément ces divisions qui suscitaient le plus mon admiration.
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 20h45
Justement! à quoi bon avoir inventé la censure si elle ne joue pas son rôle de rabat joie?
Commentaire n°10 posté par Havelock le 04/04/2010 à 20h56
Appelons règles ces censures, et voyons quels beaux traits on trace grâce à elles.
Réponse de PhA le 04/04/2010 à 21h15
Traits, potrtraits, retraits, esquisses, resquilles, brille? Non, étrille-toi, retire-toi, aussi lointainement qu'à l'équinoxe, reviens-nous, tel que tu sais : évanescant ton je.
Commentaire n°11 posté par Ellis le 04/04/2010 à 21h37
...et retournons lire Parc Sauvage, où deux enfants se perdent dans un jardin, échiquier magique quadrillé de parcours savants où chaque étape est une histoire.
Commentaire n°12 posté par Cécile le 09/04/2010 à 14h02
Parc sauvage, un beau souvenir - devenu le nôtre.
Réponse de PhA le 09/04/2010 à 16h02

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