« Une dernière chance… », « une visite à l’improviste… », telles étaient les formules creuses qui traversaient l’esprit de Messerschmied quand, plusieurs semaines plus tard et sans avoir reçu de nouvelle invitation, celui-ci décida – mais était-ce à proprement parler une décision ? – de se rendre une nouvelle fois aux établissements Brunnen. Son humeur était maussade et il est probable que, sans se l’avouer, c’est de lui-même encore qu’il était mécontent, de son incapacité à renoncer une bonne fois pour toutes au contrat. Mais comment aurait-il pu renoncer ? Le renoncement était une pensée impossible. L’idée même de renoncement n’existait pas. Messerschmied n’aurait pu supporter de seulement penser le mot de renoncement. Arrivé à l’étage où se situait le bureau de Monsieur Schlehe, il remarqua un chat en arrêt devant une porte. Il l’avait déjà vu, ce chat, d’ailleurs ; il semblait bien à Messerschmied qu’il avait déjà été griffé par cet animal. Mais pour l’instant, toute l’attention du félin se concentrait sur un bout de papier qui dépassait sous la porte, et qu’une main invisible agitait. C’était un jeu, bien sûr, à qui aurait les meilleurs réflexes, et à ce jeu-là bien sûr encore le chat était sûr de gagner. C’était étonnant quand même, cette capacité d’un chat à ne penser qu’à une seule chose, à porter toute son attention dessus comme si plus rien d’autre n’existait. Messerschmied en oubliait presque les raisons de sa visite. Le chat évidemment ne manqua de sauter sur le papier, qu’il déchiqueta aussitôt avec impétuosité. Quelle était donc la proie qui avait subi un traitement si cruel ? Observant le papier déchiré, Messerschmied parvint à y lire le mot « contrat », associé à son nom.
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