La suite des souvenirs de mon père, tels que je les ai notés en les écoutant, il y a une quinzaine d’années. Mon grand-père s’était engagé dans une carrière d’officier, comme son père, quand la première guerre a éclaté ; c’est pour ça que pendant sa captivité, lors de laquelle il a écrit les cartes qui font la matière de Mon jeune grand-père, il était dans un camp d’officiers, malgré son très jeune âge.
« Tit Père » (oui, ce sont des gens du Nord) était le père de ma grand-mère paternelle, un industriel aisé (à cette époque-là).
Pour les personnes qui ne connaîtraient pas du tout ma famille, l’insistance sur le racisme prend tout son sens à la lecture des Singes rouges.
Ton père avait des sociétés de vente de matériel photographique, subventionnées par son beau-père ; c’est de ça qu’il vivait. Il avait déjà subi deux faillites. C’est pour ça qu’après sa mort Tit Père a interdit à Mamie de se remarier. Pour lui, un gendre, c’était synonyme de fléau, de parasite.
C’est pour raison de santé qu’il avait quitté l’armée. Il était fait pour l’armée, comme son père. Il aimait vraiment ça.
Mamie aurait pu toucher une pension de l’armée, mais Tit Père, grand seigneur, a dit qu’il en faisait « cadeau à la République ». C’est pour ça qu’ensuite elle s’est trouvée sans un sou, alors qu’elle y aurait eu droit. Mais à ce moment-là, c’était trop tard.
Ton père aimait la carrière militaire. C’est en 1923 qu’il a quitté l’armée.
Quand Marraine Milou est née, à Amiens, votre père était en Algérie, à Constantine. Il était très raciste et horrifiait Mamie. Toute la famille était raciste. Même Tit Mé était raciste (et pourtant c’était une bonne personne). Il n’y avait que Mamie qui n’était pas raciste. Même son frère, Tonton Léon, était raciste. Ta sœur et toi, vous avez reçu de Mamie une éducation anti-raciste. Mais c’était comme un îlot au milieu de la famille.
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