Perrine Le Querrec a tiré trois cartes : elles lui suffisent. Il y a Eve la femme au verre, Tom l’enfant au vélo, Piotr l’homme à la chemise. Elles lui suffisent car Perrine Le Querrec a aussi tiré l’écriture, qui prend les cartes et les fait dire, leur fait dire le monde, leur fait dire toutes les histoires possibles : toutes les pistes. Dans Les Pistes il y en a quarante-deux, à cause d’une limite explicite dont le nom sert d’explicit au livre : l’imagination. C’est aussi parce que les livres sont des objets finis qui ont besoin d’une limite physique alors que potentiellement c’est tout le contraire, et le livre de Perrine Le Querrec est un livre d’écriture potentielle : oui, ami lecteur, tu peux arrêter Eve dans son geste de porter à ses lèvres son verre, tu peux tenir la selle de Tom, tu peux dire à Piotr que oui, sa chemise est très bien pour l’occasion, tu peux aussi tout autre chose ; la limite des Pistes de Perrine Le Querrec n’est que physique, son propos est potentiellement infini.
Les Pistes sont parues récemment au éditions Art & Fiction.
(C’est fou comme la lecture et l’écriture ou la publication se répondent. Récemment je lisais L’échec de Claro et je me disais que Sans son stylo / Avec mon stylo était évidemment un livre sur l’échec. En lisant les Pistes, je me disais qu’à l’évidence le même livre (surtout le versant Sans) était un livre d’écriture potentielle. Quand soi-même on attend un bébé, toutes les femmes sont enceintes. C’est peut-être la limite de ce billet, puisqu’à lui aussi il en faut une.)
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