Le temps passa. L’espoir aussi, il faut bien le dire, était passé. Messerschmied se retenait ; on ne le reverrait pas de sitôt chez Brunnen. Bien sûr tout cela n’avait rien de rationnel ; il en avait pleinement conscience. Pour se prouver à lui-même qu’il avait raison de renoncer au contrat, il décrocha une dernière fois son téléphone et composa le numéro de la maison Brunnen, celui où il savait pouvoir joindre directement Monsieur Schlehe. On décrocha presque aussitôt. Une voix, affable et impersonnelle, lui confirma qu’il était bien chez Brunnen. Était-ce celle de Monsieur Schlehe ? Il n’en était pas certain ; aucun nom n’avait été prononcé. Mais aussitôt, comme si quelqu’un à l’autre bout du fil l’avait reconnu, avant même que Messerschmied se présente, la voix affable se mua en un hurlement bestial, tandis que des chocs violents, qui résonnaient dans le récepteur, imitaient une bataille rangée. Messerschmied entendit tout une série de coups d’un réalisme troublant jusqu’à ce qu’enfin la voix résonne de nouveau, hurlant des injures, des insanités à son endroit, comme si c’était lui, Messerschmied, le responsable de l’agression à laquelle, manifestement, quelque mauvais plaisant avait eu l’idée de le faire croire.
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