Il
y a des lectures encombrées. Encombrées de tout ce qu’on a lu avant. De
ce que l’on a appris qui est bon et ne l’est pas : ne pas mettre trop
d’adjectifs, se méfier du
nombrilisme, les adverbes en -ment c’est lourd, se méfier du
formalisme, attention à l’abus des italiques, ce n’est pas comme ça
qu’on écrit un roman, trop de parenthèses tue la parenthèse, mais
c’est quoi ce sujet ça tout le monde en parle déjà, mais c’est pas
un roman ça, ah c’est bien ça ressemble à du Bernard Pilchard mais
Pilchard c’est quand même un cran au-dessus… Encombrées de
tout ce qui est bien pratique pour se faire une opinion et la
formuler, et d’ailleurs c’est vrai tout ça et le reste, on ne peut pas
dire le contraire, et un peu de culture littéraire après tout
c’est pas plus mal pour parler de littérature, c’est pas un prof de français
qui va dire le
contraire quand même. Mais bon, il y a des moments où ça fait du
bien de s’avancer tout seul dans le noir, d’oublier tout ce qu’on sait
et qu’on a appris justement pour pouvoir l’oublier au bon
moment, et d’attendre de voir ce qui va se passer.
Il en vint même à ne plus se lire lui-même ."
Benoît Dehort, Oeuvres complètes (tome 3, page 1, Les Editions du Goudron, 2009).
((Une activité que vous mettez brillamment en pratique, même par mauvaise visibilité.) (Le Pilchard, vous le consommez à la sauce tomate ?))
Je suis mort.
(Vous êtes mort ? Vous avez cliqué sur l'explosion dans mon billet du 24 ?)
F.N.