Il
paraît que je suis prof de français. J’ai aperçu mon nom, dans un
paquet étiqueté, avec d’autres que je ne connais pas, ma foi. Ça a l’air
déterminant, eu égard à mon statut
d’écrivain – autre paquet dont l’étiquette sans doute aussi
me laisserait vaguement perplexe, si je prenais la peine de m’y
attarder. On pourrait, avec autant de pertinence (et peut-être
même davantage), me classer dans la catégorie des pères de famille,
des gauchers de la main droitiers du pied, des amateurs de pholiotes
changeantes, des Antillais délavés, des myopes de l’œil
droit ou des nageurs du samedi. J’écris « autant de pertinence », et
ce ne serait même pas vraiment une blague, à la relecture de mes œuvres
complètes, c’est dire. (Cela dit, les
étiquettes, c’est quand même drôlement pratique. Je le sais : moi
aussi j’en ai collé autrefois, sur des bocaux de moules à l’escabèche.)
Mais oui, c’est pourtant vrai : il arrive assez
souvent qu’un Annocque fasse la classe de français. Ça s’est fait
comme ça, sans bien réfléchir (après des études qui ne m’y destinaient
pas vraiment, d’ailleurs), et si on y reste c’est tout
simplement parce qu’il s’est trouvé au bout du compte, coup de
chance, qu’on aime bien la compagnie des enfants, et des ados. Le
français, ma foi, pourquoi pas ; ça aurait aussi bien pu être
les SVT (sciences de la vie et de la Terre, pour les profanes). Ou
encore une matière qui n’existe pas, tiens. Mais écrire, ce
dont je parle ici, sur ce blog pas franchement pédagogique,
c’est venu bien avant. Quinze à vingt ans avant. Lorsqu’il a bien
fallu trouver soi-même sa nourriture, le français était devenu facile,
tiens. Alors on n’a pas trop réfléchi, on a tenté le coup,
ça s’est fait comme ça ; et puis ce métier, c’est pas mal, surtout
en classe. Alors s’il y a un rapport entre le fait que j’écrive et
l’enseignement du français, faudrait voir à ne pas
confondre la cause et la conséquence, dirait le prof.
"L'incompatibilité est quelque peu dialectique" (Benoît Dehort, Oeuvres complètes, tome 7, page 1, Editions du goudron, 2004).
Je lis - avec horreur - le commentaire de Didier! Mais oui, c'est un scandale de relier ces Malchanceux, c'est saccager une oeuvre d'art!
Alexandre