Si vous ne me voyez pas derrière mes hublots, c’est qu’à
l’occasion des vases communicants j’ai pris racine chez Cécile Portier. Mon premier Contact avec son travail, c’était bien avant mes Hublots et sa Petite Racine, quand paraissait son premier livre, dans la collection
Déplacements des éditions du Seuil. Beau souvenir.
J’ai
un très beau manteau noir. En peau, long, même très long, lourd sur les
épaules, et le col, fausse fourrure, qui se rabat sur le cou quand
la bise souffle, en un embrassement qui ne trompe pas : ce manteau est
amoureux. Je me sais une démarche souveraine dans ce
très long lourd manteau noir, je me sais mystérieuse en hiver,
entourée de peaux impeccablement noires et opaques et douces. Je me
vois, les autres surtout doivent voir cette silhouette, frêle et
majestueuse pourtant, furtive et lente pourtant, amarrée seulement à
mon propre rythme.
Protectrice du froid lui-même.
J’ai
un très beau manteau noir. Il est vrai cependant qu’il est un peu
lustré au
bord des manches. Et qu’un bouton s’en est allé, il y a déjà quelque
temps. Il est vrai aussi (pourquoi le cacher) que l’autre soir il
pleuvait dru, et que je l’ai porté ainsi, sans parapluie. Or
mon manteau est fait pour le froid. Sous l’eau il souffre, déteint
en couleur rouge - On aurait dit du sang sur ma jupe. Aujourd’hui sa
couleur est plus pâle à certains endroits, pour qui y prête
attention. Et puis ces quelques pièces de monnaies enfuies par un
trou de la doublure au fond gauche du manteau lui donnent un poids
distinct de ce côté-là, si bien que mon manteau, peut-être, de
loin, semble se déhancher, claudiquer même, pour qui a la moquerie
facile. Je le remets droit alors, mais c’est toute la peau qui a joué,
comme un grand corps courbatu qui compense la douleur en
se tordant d’avantage : en le remontant comme cela, je le dessers,
et me voilà avec une épaule haussée. Intérieurement je marche beau mais
si un miroir, ou une vitrine, me surprenait à cet
instant, il croirait à une disgrâce quelconque, non pas un pied bot,
certainement beaucoup moins, mais quelque chose quand même, un handicap
n’ayons pas peur des mots, une maladie qui rend le
geste raide et gauche. Un miroir me voyant marcher à cet instant,
certainement, s’apitoierait. Et cette couture lâchée dans le cuir, au
niveau de la manche droite. Et cette autre encore, celle du
dos, distendue elle aussi, montrant, rouge comme un vit de chien
excité, le fil d’une réparation précédente un peu trop hâtive : ce n’est
pas convenable. Il faudrait reprendre cela, ainsi
que le trou dans la doublure de la poche gauche, et puis d’ailleurs
toute la doublure est mitée depuis longtemps.
N’empêche, j’ai une très belle idée de manteau noir, qui ne vieillit pas et m’accompagne en
hiver.
Philippe Annocque n'est pas fez lui...
A la place il y a un vieux dégoutant qui fait rien qu'à vouloir ouvrir son manteau partout dans la rue devant les devantures de magasins !
RrrroohhhHHH!!! dirait un ami
... C'est dommage parce que le texte est bien
mais je regrette de rappeler que
à la racine des choses
le manteau de l'hivers est BLANC
et non NOIR.
ça saute aux yeux pourtant !
.
(@petite racine : Je me réjouis d'un prochain vase en ta compagnie).
(la serpillère est le dernier tissu à la mode pour s'habiller;o))
http://gilbertpinnalebloggraphique.over-blog.com/article-la-dame-au-sac-39821310.html
Beaucoup aimé
Et merci surtout à toi, qui t'es chargée de toute la com !