jeudi 1 juin 2023

Sauvons Naulleau !

Une fois n’est pas coutume, je suis tombé sur une couverture de journal où le mot « littérature » est écrit en gros caractères. Mieux encore : « Sauvons la littérature ! », oui, comme ça, avec un point d’exclamation. Sauver la littérature, je ne suis pas contre. Je suis même franchement pour. Il y a un gars en photo, qui nous pointe des deux doigts, pour qu’on se sente bien concerné. Le message est peut-être un peu lourdement véhiculé mais soit, c’est bien vrai que tout le monde est concerné, à commencer par les gens qui ne lisent pas de littérature. Ça tombe bien : cette couverture est celle de Valeurs actuelles ; il y a certainement, parmi les abonnés à cet organe que, pour de confuses raisons, je préfère appeler « Vapeurs d’écuelles », des brebis égarés que le berger en couverture va tenter de ramener (ou plus vraisemblablement d’amener) à la littérature. Je connais ce visage, d’ailleurs, c’est celui d’Eric Naulleau, qui fonda jadis une belle petite maison d’édition, l’Esprit des Péninsules, hélas disparue (même si elle doit encore figurer dans le nuage éditorial de ce blog, plus bas à droite). Ce gars-là aime vraiment la littérature. J’ai cru comprendre que depuis la fermeture de sa maison d’édition, il hantait des plateaux de télé plus ou moins recommandables ; c’est un peu étrange mais bon, à chacun ses bars louches et ses désespoirs. Bref. Lisons le sous-titre : « Eric Naulleau, un hussard face au "wokisme" Notre enquête sur la dérive qui menace l’art et la culture en France ». Le wokisme, donc. J’ai une vague idée de ce qu’on recouvre sous ce terme ; on l’entend tellement souvent. Et moi qui croyais qu’on aller parler littérature. De comment faire pour que les Kafka, les Faulkner, les Beckett d’aujourd’hui (qui n’ont évidemment rien à voir avec Kafka, Faulkner ou Beckett) puissent être publiés correctement (ou même publiés tout court). Comment faire pour que des éditeurs puissent se consacrer à la publication de littérature, comment dire, la littérature que j’aime, quoi, puissent faire leur travail sans perdre de l’argent (voire : en en gagnant). Et là, vlan, un dossier sur le wokisme, ce prétexte à fantasmes, un sujet à faire du buzz avec des vieux titres d’Agatha Christie. Le fait est que de Valeurs actuelles, on ne peut guère espérer autre chose. D’Eric Naulleau, si. On devrait tous lui envoyer notre photo avec nos deux index pointés sur lui.



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