J'ai décidément bien fait de le
mettre à la corbeille, ce projet de roman ; il est bien trop
« 2016 » dans ce qu'il dit ; jugez plutôt :
En fait le dernier jour de la vie est un jour comme les autres.
A un moment j’ai cru voir arriver un autre moi-même, mais non :
c’était Jacky Vadelle, le fils de Carlotta née Vasconcelos et
d’un autre moi-même, qui nous ressemble de plus en plus depuis
qu’il est vieux lui aussi. Mais il est quand même plus mince.
Les gestionnaires de ce monde ont annoncé à mon fils Orlando la
mort d’Angus Vadelle.
Mais ce n’était pas moi. Enfin, c’était moi, bien sûr, mais ce
n’était pas moi premier du nom. Impossible de savoir de quel
moi-même il s’agissait, l’enquête serait longue et fastidieuse
et risquait fort de ne pas aboutir.
Ce qui était quand même très étrange, c’est que je sois mort
avant moi. Il me semblait, en toute logique, que je serais le premier
de moi-même à mourir. C’est ce que j’avais prévu. Mais il
semblerait bien que l’éloignement favorise la mort précoce – à
quelques heures près, entendons-nous bien. Or personne n’est plus
proche de moi-même que le moi-même que je suis au moment où je
parle. C’est sans doute à cela, être moi-même sans être un
autre, que je devais d’être encore en vie.
Les gestionnaires de ce monde ont annoncé à mon fils Orlando la
mort d’Angus Vadelle.
Une nouvelle fois, plus vite que le temps pour le dire. C’était un
autre moi-même encore, bien sûr. Nous allions tous mourir peu ou
prou en même temps, tous mes moi-même et moi ; c’était
couru d’avance.
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