vendredi 2 décembre 2016

dans la corbeille (13)

Bien sûr pour le moment tout cela est encore dans la corbeille mais il y a peut-être moyen de faire un bon feu avec pour se réchauffer le cœur.


 J’ai fait la connaissance d’une certaine Joanna Vadelle, avec qui semblait-il je n’avais pas de lien de parenté. Et c’est pendant que nous discutions qu’Anouchka est morte. La mort avait beau être ma meilleure amie, je n’ai rien pu y faire. J’ai essayé de la distraire en la soignant avec mon appareil à régler les problèmes, car il n’y a pas de raisons pour que la mort n’ait pas de problèmes ; j’espérais qu’elle viendrait me remercier et oublierait Anouchka. Mais ça n’a pas marché, alors j’ai essayé de me prendre en photo avec la mort et là j’ai vu qu’elle était d’accord ; mais c’est parce que c’était trop tard : Anouchka Vadelle, dont je me rends compte à présent que je n’ai jamais retenu le nom de jeune fille, était morte, et moi j’étais veuf en personne.


Anouchka Vadelle : page 57 - page 128



C’était peu dire cette fois que la mort se rapprochait : nous avons marché l’un derrière l’autre dans le beau jardin des Vadelle anciennement Smith et nous sommes montés au grenier au-dessus du garage. Il y a là-haut un petit balcon avec une vue magnifique car la grande demeure des Vadelle anciennement Smith est sur une hauteur qui domine tout Bellerive. Nous sommes allés sur le balcon et là j’ai pris la mort par l’épaule et de l’autre main j’ai sorti mon smartphone, et c’est comme ça j’ai fait mon selfie avec la mort. Ensuite nous avons discuté un peu. J’espérais lui demander d’emménager, car elle avait sans doute beaucoup de choses à m’apprendre ; mais je n’ai pas trouvé les mots : à la place je lui ai juste demandé ce qu’on racontait sur moi. La mort m’a répondu que ça ne lui faisait pas plaisir de me dire ça mais que j’avais une réputation d’ordure. Mais elle m’aimait bien quand même. C’est vrai aussi qu’elle n’avait pas le choix : c’est moi qui depuis longtemps décide grâce à mon smartphone des sentiments d’autrui à mon égard, et il n’y a pas de raison que la mort échappe à cette règle. J’avais encore bien d’autres questions à lui poser mais elle a soudain disparu dans le noir, car dans l’intervalle la nuit était tombée. Nous aurions bien sûr l’occasion de nous revoir, mais à ce moment-là je craignais bien de ne plus avoir la parole.

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