dimanche 2 décembre 2012

Quidam pour moi – pour vous (1)

La lecture est affaire de plaisir et de désir. Faire naître le désir n’est pas chose facile quand le plaisir est incertain, et il est incertain quand on ne connaît pas le travail d’un éditeur. Mais il arrive aussi, hélas, que faire naître le désir soit tout simplement vital.
L’écriture, c’est pareil : histoire de plaisir et de désir. Et la publication une sorte de réalisation, souvent frustrante même dans le plaisir, de ce désir.
Quand j’ai eu connaissance de l’existence de Quidam, j’avoue que ce n’était pas le lecteur qui était en quête d’un bon livre qui m’animait, mais l’auteur dont le précédent éditeur, Melville, venait de disparaître, qui cherchait tout simplement un nouvel éditeur.
J’avoue que je n’ai pas tout de suite désiré Quidam, dont je n’avais lu aucun titre. Même si je sentais qu’il y avait là quelque chose de sûrement intéressant, je restais sans doute encore marqué par le confort un peu superficiel qu’on a à être publié par un éditeur puissant, puisque j’avais commencé au Seuil, sur une sorte de quasi-malentendu sur lequel je reviendrai un jour dans d’autres circonstances.
J’ai commencé à désirer Quidam quand j’ai entendu chroniquer l’un de ses titres, l’Ami Butler de Jérôme Lafargue, aux mardis littéraires de Pascale Casanova alors que je roulais sur la N10 pour aller faire imprimer quelques manuscrits de Liquide, en vue d’envois prochains. C’était bien sûr un désir clairement éditorial, mais les difficultés que j’avais eues à imposer Chroniques imaginaires de la mort vive après Une affaire de regard, cet espèce d’invraisemblable grand écart qui m’a fait paraître suspect aux yeux de tout éditeur prudent (invraisemblable mais vital et toujours recommencé), m’avait fait comprendre qu’il me fallait savoir à l’avance à qui vraiment j’avais affaire. Alors j’ai lu l’Ami Butler.
J’ai lu l’Ami Butler et dès ce moment-là, avant même que je me décide vraiment à envoyer un manuscrit à Quidam, mon rapport avec cet éditeur est devenu celui d’un lecteur. Car j’ai aimé l’Ami Butler, et par la suite Dans les ombres sylvestres, et plus récemment l’Année de l’hippocampe, ces livres qui osent travailler le romanesque comme je ne le ferai jamais, qui jouent délicieusement de la fiction à l’intérieur même de la fiction – et que je vous recommande chaleureusement.
Puis très vite je suis tombé, complètement par hasard, sur Grande Ourse, de Romain Verger – et là c’est la puissance de l’imaginaire, un imaginaire des entrailles, une manière de vous tenir le cœur à la main à l’intérieur de la cage thoracique pour le cas où il tomberait, qui m’a retenu, et que j’ai retrouvé dans son premier roman Zones sensibles, et plus récemment dans Forêts noires.
Entre temps, la chronologie s’embrouille un peu dans ma mémoire, Quidam m’avait dit son désir de publier Liquide puis Monsieur Le Comte au pied de la lettre, car les deux sont quasi jumeaux – siamois, même – malgré les apparences que j’aime trompeuses, et nous nous étions rencontrés. Très vite on avait surtout parlé de littérature, et des goûts que nous avions en commun, dans le contemporain aussi : Raymond Federman, Céline Minard… Pascal Arnaud, l’homme derrière Quidam, est très vite devenu un de mes principaux prescripteurs, et ce bien au-delà de son catalogue.
 
Mais c’est son catalogue, vous l’avez compris, qui est menacé aujourd’hui. Et c’est là que j’ai envie de vous donner envie.
 
Voilà, j’ai envie de vous donner envie. Mais si je vous donne tout, comme ça, en une seule fois, ça va être beaucoup trop long. Je sais bien comment c’est, sur les blogs ; j’en ai vu, là, déjà, parmi vous, qui n’ont pas cliqué sur tous les liens. Et puis des livres du catalogue, non, je vous rassure : je n’ai pas tout lu ; mais tout de même, j’en ai lu, attendez que je compte… vingt-six, si je ne me suis pas trompé, sans compter les deux miens. Alors on va s’arrêter là pour aujourd’hui, allez déjà jeter un œil sur Lafargue et Verger, six titres à eux deux, et demain j’essaie de mettre la suite.

Commentaires

Moi aussi je suis très morose en ces derniers jours. J'aime, j'adore comme vous Lafargue et Romain Verger. Mais c'est par Padovani que j'ai découvert les éditions Quidam, un peu par hasard... Et j'ai tant aimé que j'en ai lu beaucoup. Sûrement les 2/3 du catalogue. Et bien sûr, j'ai lu aussi Liquide. 
J'espère que ceux qui vous suivent auront envie de vous faire confiance et d'acheter quelques livres. Je recommande aussi Ron Butlin, Le Son de ma voix ou encore les B.S. Johnson. 
Merci pour ce billet !
Commentaire n°1 posté par Anne-Sophie le 02/12/2012 à 20h48
Merci Anne-Sophie, et vous faites bien de mentionner Stéphane Padovani que je n'ai pas lu et serait oublié sur ces Hublots. Je compte bien faire une piqûre de rappel pour BS Johnson et Ron Butlin.
Réponse de PhA le 02/12/2012 à 22h41
On ne peut pas résister à l'appel du plaisir.... Mes amis recevront des Quidam pour Noël et je penserai à m'en offrir aussi...  Je passerai le mot...
Commentaire n°2 posté par Michèle le 03/12/2012 à 09h41
Merci pour le plaisir partagé, car je n'en doute pas !
Réponse de PhA le 03/12/2012 à 20h49
bonsoir,
je viens de passer pour la première fois sur votre blog et je le trouve très interessant.
bonne continuation.
Yselann
Commentaire n°3 posté par dinasblog le 03/12/2012 à 18h09
Merci.
Réponse de PhA le 03/12/2012 à 22h03

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