dimanche 18 mars 2012

heureux celui qui peine à trouver un éditeur

Dans le prolongement de ce que je disais hier, quelques mots encore :
Avoir sous le bras son manuscrit et peiner à trouver son éditeur, c’est peut-être une chance.
C’est une chance qui m’a d’abord été refusée, remplacée par une autre : de voir mon texte accepté du premier coup par une grande maison. (Une chance qui ne m’a que médiocrement profité.)
Mais j’ai eu droit à une seconde chance : peiner à trouver un éditeur pour une deuxième livre. Plusieurs années, tant je m’y prenais mal. M’y prendre mal était un moyen de prolonger cette seconde chance. Cette chance, c’était d’avoir une raison de fouiller vraiment le paysage éditorial contemporain, de voir ce qui se publiait ailleurs, ce qui s’écrivait vraiment. De retrouver la possibilité de lire – car pendant environ huit ans la lecture de littérature m’était devenue impossible (une forme de dépression spécialisée, sans doute). Donc oui : heureux celui qui peine à trouver un éditeur – et qui pourtant ne connaît pas son bonheur.


Commentaires


Paradoxe intéressant. Je songe à Tristan Egolf, refusé par une "septantaine" - dirait-on ailleurs - d'éditeurs américains et dont Le Seigneur des Porcheries fut publié pour la première fois en français par Gallimard, sur intervention de Modiano qu'Egolf avait rencontré dans des circonstances totalement fortuites... Je pense également à John Kennedy Toole qui se suicide après avoir été refusé par une trentaine d'éditeurs. Sa "Conjuration des Imbéciles" ne verra le jour que grâce aux efforts d'une mère infatigable, comme le sont parfois les mères, face à un éditeur plus que lassé, qui se force à lire un peu plus avant et qui découvre que oui, là, il tient quelque chose. Ce quelque chose obtiendra le prix Pulitzer en 1981 (si tant est qu'un prix soit une référence).
J'ignore si Egolf (qui finira aussi par se suicider) et Toole ont pu saisir cette chance d'aller fouiller dans les catalogues des éditeurs. On est là dans un contexte américain, une fois de plus. Vous avez évoqué le cas de Faulkner et vous aviez probablement raison.
Commentaire n°2 posté par Anonyme le 19/03/2012 à 10h21

Oui, le contexte américain est sans doute différent - mais il n'y pas de raison de penser que les icebergs n'y aient pas aussi l'essentiel de leur masse immergé.
Réponse de PhA le 19/03/2012 à 12h22
Je me reconnais quasiment trait pour trait dans ce que tu dis. 
Commentaire n°3 posté par Dominique Boudou le 19/03/2012 à 11h53
Oui, nous devons être quelques uns.
Réponse de PhA le 19/03/2012 à 12h22
 

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