mardi 15 février 2011

il voudrait juste que tout le monde lise les côtés cachés de Pascale Petit

Elle écrit des livres où les femmes s’appellent elles et les hommes ils. Parfois c’est elle et ils, ou même elles et il. Il lit les livres qu’elle écrit et voit qu’on peut écrire de la poésie sans les mots de la poésie, qu’il y a plus de poésie peut-être dans la poésie sans les mots de la poésie, et qu’on parle aussi bien ou même mieux de l’amour sans dire l’amour.
Souvent comme ici il n’y a même pas les vers de la poésie.
Cette fois il y a juste elles ou elle et ils ou il et ils veulent d’elle ou d’elles quelque chose qu’ils n’auront pas, qu’ils n’auront pas même quand ils l’auront, ou qu’ils auront sans savoir qu’ils l’ont. Il y a tant de côtés cachés. Elles ne comprennent pas ce qu’ils veulent, comprennent-ils eux-mêmes ce qu’ils veulent ? On ne sait pas vraiment ce qu’ils pensent encore moins ce qu’elles pensent alors ne parlons pas de ce qu’elles ou ils comprennent. En tout cas ils veulent quelque chose et elles aussi sûrement et on a peur qu’ils lui fassent mal qu’il lui fasse mal à faire comme si elle n’était pas elle, pourquoi aussi se laisse-t-elle faire comme si elle n’était pas elle.
Il y a tant de côtés cachés.
Il voudrait juste que tout le monde lise les livres qu’elle écrit, il ne sait pas bien comment s’y prendre.
Le monde par exemple pourrait commencer par explorer les côtés cachés de Pascale Petit ; c’est en sortant de cette lecture qu’il a eu envie d’écrire ça.
Il se dit aussi qu’il aurait peut-être tout aussi bien pu donner à lire un passage de ce qu’il vient de lire :
 
  
 
Il arrive que tout à fait exceptionnellement quelques-uns réussissent sans difficulté à en faire entrer une complètement dans la malle. La première tentative, parfois, suffit, et les voilà qui portent tous bien haut la malle au bout de leurs bras, en poussant des cris de joie.
 
Très vite, cependant, leur insatisfaction naturelle semble reprendre le dessus : à peine est-elle entrée dans la malle qu’ils veulent déjà la faire ressortir. Pour la faire entrer à nouveau ?
 
Quelle qu’en soit la raison – ne change rien. Elle, ne veut plus sortir et pour gagner sans doute un peu de temps, elle leur jette des choses qu’ils observent minutieusement ou des choses encombrantes qu’ils ont du mal à déplacer.
 
Ils essaient en réalité peu de choses pour la faire sortir : ils pensent en leur for intérieur que forcément, elle finira par vouloir sortir d’elle-même (et certains ont alors très peur qu’une fois dehors, elle ne veuille plus rentrer et que même si elle veut bien tout de même rentrer, elle ne veuille plus encore sortir).
 
Ils ont l’idée de susciter sa curiosité pour l’inciter à sortir et emportent la malle un peu partout avec des cris d’étonnement, mais c’est tout juste si elle soulève un peu le couvercle pour voir où elle est : elle voit qu’ils ont mis leurs plus beaux habits et qu’ils lui indiquent quelque chose d’éloigné.
 
Ils l’emmènent en fait chaque fois près d’un étang différent où rien ne bouge et ils attendent pendant des heures en imaginant que peut-être, elle va sortir en ayant doublé de longueur.
 
Ils se questionnent du regard, puis dissimulent leur regard.
 
Pascale Petit, les côtés cachés, p. 31-32., Action Poétique éditions, 2011, Collection Biennale des Poètes en Val-de-Marne.


Commentaires

Une façon bien à elle de se faire la malle. Oui.
Commentaire n°1 posté par Pascale le 15/02/2011 à 16h37
Toujours quand il a le dos tourné.
Réponse de PhA le 15/02/2011 à 18h39
Pouêt
Commentaire n°2 posté par Moons le 15/02/2011 à 18h20
Pouêt ? ou pouêt ?
Réponse de PhA le 15/02/2011 à 18h37
Pfffff, c'est facile de se moquer des côtés cachés des gens qui savent pas comment, euh bref.
Commentaire n°3 posté par Moons le 15/02/2011 à 22h48
L'URL n'est pas valide et ne peut être chargée.
(En effet !)
Réponse de PhA le 16/02/2011 à 18h33
Comme vous parlez bien de cette auteure (si, le "e" est de rigueur maintenant! un récent décret...) et de son univers impitoyable. On a l'impression de la/le toucher du doigt! 
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 16/02/2011 à 11h25
Cette auteure avec un e ? Où avez-vu ça ? Mais non : on doit écrire cette hauteur, avec un h, évidemment ! (Certains préfèrent "cette altitude" ; ça se discute.)
Réponse de PhA le 16/02/2011 à 18h37
"... de son univers impitoyable." ... "Le nôtre", ai-je oublié d'ajouter. Ça change tout. 
Commentaire n°5 posté par Depluloin le 16/02/2011 à 12h34
Je m'aperçois que je ne vous ai pas félicité sur votre beau chapeau.
Réponse de PhA le 16/02/2011 à 18h40
Ceci n'est pas une URL, c'est un de mes côtés cachés
Commentaire n°6 posté par Moons le 16/02/2011 à 20h24
Je croyais qu'Internet appelait ses côtés cachés "erreurs 404".
Réponse de PhA le 16/02/2011 à 20h33
Non, maintenant, c'est l'erreur 5008 (pour pas cher) !
Commentaire n°7 posté par Moons le 16/02/2011 à 20h42
Vroum.
Réponse de PhA le 17/02/2011 à 15h07
heu, c'est quoi les mots de la poésie? ya un bréviaire spécial, tout n'est pas autorisé?
Commentaire n°8 posté par gmc le 17/02/2011 à 14h48
Il y a des guillemets, évidemment.
Réponse de PhA le 17/02/2011 à 15h06
ha, dsl, pas vu les guillemets;  et si on écrit de la poésie sans ponctuation, genre souffle, on peut s'en servir aussi, des guillemets?
Commentaire n°9 posté par gmc le 17/02/2011 à 15h11
Aucun problème : pas besoin de mettre les guillemets pour qu'ils y soient.
Réponse de PhA le 17/02/2011 à 15h15
bon, j'essaierai de m'en servir comme drapeau par exemple l" ou comme banderole, ça peut être utile par les temps qui courent l"l
Commentaire n°10 posté par gmc le 17/02/2011 à 15h32

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