« J’ai rêvé que j’étais fait de signes », écrit Matéi Visniec au premier vers du premier poème (« Tout est signe ») d’un recueil intitulé J’ai rêvé que j’étais fait de signes, publié aux éditions Non Lieu.
« j’étais sorti dans la rue
et les passants m’arrachaient
points de suspension, points d’interrogation
et de nombreuses lettres étranges »
De nombreuses lettres étranges en effet, de nombreux poèmes étranges composent ce recueil. Comme je les aime tous, je vous en recopie un au hasard :
Une journée stupide
La pharmacie était fermée alors je suis retourné
à l’hôtel qui venait de prendre feu
je suis monté au premier étage pour sauver
ma valise mais mes affaires étaient déjà
carbonisées
les pompiers ne sont pas venus pour
essayer d’éteindre
l’incendie j’ai voulu photographier
les flammes mais mon téléphone portable
n’avait plus de batterie
quelle journée stupide je me suis dit
j’ai demandé à quelqu’un où était la gare
mais il ne savait pas, quand la pluie a commencé
je n’avais pas de parapluie quand il m’ont arrêté
pour avoir perturbé l’ordre public
je me suis rendu compte que je n’avais rien fait
quand la sentence fut prononcée
le juge était absent
j’ai demandé la permission de prendre la parole
mais on on m’a dit que je n’étais pas né
encore
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