lundi 4 septembre 2023

Pennac au Terminus

Pennac en a donc fini avec la saga Malaussène ; le titre du dernier opus nous l’annonce d’emblée : Terminus Malaussène – même si, les habitués s’en doutent, le titre risque d’être à double-fond. Ça m’a donné envie d’aller voir Malaussène pour me rendre comment il s’en tirait avec sa fin, Pennac. C’est très joli, Malaussène, d’ailleurs, si jamais vous passez dans le coin ; ça ne m’étonne pas que le divisionnaire Coudrier y ait pris sa retraite (non : cette information n’est pas à proprement parler un spoil). Ça m’a donné envie aussi de lire Terminus Malaussène, même si je suis loin d’avoir lu tout le reste de la série ; je n’ai même pas lu le Cas Malaussène, dont Terminus Malaussène est la suite directe. Mais j’ai un souvenir très net de la Fée Carabine, pour l’avoir étudié naguère et même jadis avec mes 3e – souvenir qui m’a permis de deviner très vite qui – mais brisons-là, je risquerais d’en dire trop et ce n’est pas non plus mon propos. J’ai retrouvé le même plaisir à l’intrigue too much ; moi qui n’aime pas les intrigues, autant que l’auteur y aille franchement. De même avec cette voix narrative flottante au gré du récit : on passe sans ambages d’un narrateur extérieur omniscient au je de Benjamin Malaussène, lequel laisse parfois la place à un autre je, celui de Pennac en personne, qui nous met ses amis de la vraie vie dans son roman, comme un signe à distance.

Tiens, presque dans le même ordre d’idée mais pas tout à fait, un petit passage qui m’a amusé. C’est la reine Zabo qui parle, l’éditrice pour laquelle travaille Benjamin Malaussène, à propos du manuscrit d’un de ses auteurs :


« Je lui ai commandé la suite de son premier roman, un point c’est tout. Et sur le même ton ! Quand on capture un si nombreux lectorat avec un premier roman, on ne le déstabilise pas dès le deuxième. On attend au moins dix bouquins pour changer de ton. Alceste veut perdre la moitié de ses lecteurs, ou quoi ? Je ne publierai pas ça. »


Je vous assure que quand le lecteur est auteur lui-même, ça lui parle. Et Pennac qui écrit ça tout en appliquant studieusement les règles éditoriales basiques énoncées par la reine Zabo dans son nouveau Malaussène, cuisiné à la même bonne sauce Malaussène qui a fait ses preuves depuis plus de trente ans ; ça croustille. On compte sur lui pour faire quelques faux pas éditoriaux (c’était déjà un peu le cas avec le Journal d’un corps) ; il a bien de plus de dix titres à succès derrière lui. Avis aux auteurs qui en ont moins. D’autant plus que, on le verra par la suite, intrigue oblige, les propos de la reine Zabo ne sont pas à prendre au pied de la lettre.

Et la fin – car je voulais savoir comment Pennac allait finir. Bien sûr je ne peux pas vous la raconter. Ce que j’aime, c’est que, quelle que soit la façon dont on l’interprète, elle rend toute poursuite du récit impossible. Ou alors, il faudrait vraiment, mais alors vraiment changer de ton, et comment réagiraient les reines Zabo de la réalité ?




L’illustration est non contractuelle.

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