dimanche 5 mars 2023

Crepuscule with Jean-Pierre Martinet : l’ombre des forêts

Résumer un roman de Jean-Pierre Martinet, c’est un peu comme photographier une peinture de Soulages : on risque de n’y voir que du noir. Mais voici que je viens de traverser l’Ombre des forêts, tout récemment et très joliment réédité par les jeunes éditions de l’Atteinte (avec une postface d’Eric Dussert), en compagnie de Monsieur, de Céleste, de Rose Poussière et du duc de Reschwig – rien que ces noms évanescents, déjà ; ce serait dommage de ne pas tenter d’en dire deux mots. C’est caniculaire et noir, d’une noirceur rare. Une sorte de transcendance du désespoir, qui touche à ce qu’on appelle communément folie, et qui n’est peut-être pas autre chose que le doute de sa propre existence, la conscience aiguë de la solitude et de sa fatalité, dans la lumière crue d’une ampoule nue déifiée-détestée par Monsieur sous le nom de « Globe sale », ou bien dans un hôtel miteux, borgne comme son barman, ou encore dans les rues arpentées d’une province fantasmée où le souvenir de toute musique s’est effacé, fût-ce l’air de Crepuscule with Nellie jouée sur le piano de Thelonious Monk – d’ailleurs il est mort. Vous n’avez pas le moral ? Lisez l’Ombre des forêts, on se sent moins seul dans toute cette solitude partagée.



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