lundi 23 août 2021

Autopromotion alphabétique 1 : Chroniques imaginaires de la mort vive

L’autre jour j’ai lancé en boutade la formule « autopromotion alphabétique ». Mais comme j’aime me prendre au mot, je tente la chose.

En quinze épisodes, un par titre. A, rien. B, rien mais c’est prévu. C :

Chroniques imaginaires de la mort vive. Officiellement, c’est mon deuxième livre, paru chez Melville en 2005. En réalité, je l’ai écrit juste après Par temps clair, dans un désir de rupture avec Une affaire de regard, paru au Seuil en 2001, et dans la colère du refus de Par temps clair au Seuil par Claude Cherki ; j’ai déjà raconté ça ici, cliquez si vous voulez.

Une affaire de regard était un roman très contemporain, très parisien, dont on avait apprécié l’humour et l’écriture « blanche, incisive ». Délibérément, mais en réalité parce que c’est comme ça que, au fond de moi, je fonctionne, j’ai voulu aller aux antipodes. Voir là-bas si j’y suis, comme on dit, mais sérieusement. Voir si tout autre chose, c’est soi-même encore.

J’ai situé mon récit loin de la ville, au fond des forêts, dans un cadre à peu près atemporel. Je suis parti d’un meurtre sauvage et inexpliqué auquel il faudrait donner un sens. J’ai étiré les phrases comme des lambeaux de brume. J’ai inventé un personnage de jeune homme perdu dans un corps trop grand et trop fort pour lui, j’ai fait courir des chiens dans la boue et dans la neige. J’ai fait le pari d’écrire sans humour – il m’a fallu beaucoup d’audace pour faire l’économie de l’humour : j’ai longtemps cru que tous les grands auteurs, ceux que j’aimais en tout cas, de Kafka à Beckett, de Flaubert à Proust, étaient des auteurs comiques ; il y a quelques exceptions quand même. À l’arrivée, j’ai beaucoup aimé ce que j’ai lu, et je m’y suis complètement reconnu. « Vous allez perdre vos lecteurs », m’a-t-on dit, tant j’y étais méconnaissable. Avec le recul, pas tant que ça : mais mes lecteurs de l’époque n’avaient pas lu Pas Liev ou Elise et Lise, forcément. Il faut laisser au dessin le temps d’apparaître, on ne voit pas tout de suite (je ne vois pas tout de suite) ce qu’il représente.

C’est la raison pour laquelle j’ai eu tant de mal à faire publier ce livre, et c’est aussi pourquoi les personnes qui l’ont aimé d’emblée n’ont pas tellement apprécié Une affaire de regard, à ce moment-là du moins : il manquait des éléments. Melville n’étant pas le Seuil, le livre n’a pas eu tellement d’échos dans la presse à l’exception notable, grâce à Lise Beninca, d’une double-page dans le Matricule des Anges : j’étais déjà abonné à la revue, c’était quand même le signe que les choses commençaient à avoir du sens.

Le livre est encore disponible, je crois qu’il en reste six. Battez-vous !



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