jeudi 21 octobre 2010

J’ai trop de goût pour l’incertitude.

J’ai écrit des « romans » mais je n’aime pas tellement les romans. Je trouve les romanciers gonflés d’écrire des romans, d’imposer des personnages, de raconter des histoires. De dire Voilà, c’était comme ça. C’était comme ça et pas autrement. C’est ça qui s’est passé, pour telle raison. Et le monde, c’est comme ça, c’est à ça que ça ressemble. Regardez comme ça ressemble bien. Pas vrai que c’est comme ça ?
J’ai trop de goût pour l’incertitude. J’aime les romans qui font bouger le roman. Qui ne rentrent pas bien dans la boîte à formes de quand on était petit. Ou bien les romans qui ne sont pas du tout des romans. Ou des livres qui finissent par être des romans alors qu’ils ne ressemblent pas du tout à des romans. Ou évidemment des romans dont l’histoire n’est pas le sujet mais juste une partie de la forme.
Je me suis engagé comme romancier mais au fond je préfère rester un agent double. (Ne le répétez pas mais j’ai envie de mettre le navire en danger.)


Commentaires

Je rêve d'un critique qui refuserait de parler d'un livre dès la première mention réaliste...zut... C'est mon tour...
Commentaire n°1 posté par David Marsac le 21/10/2010 à 10h03
Quoiqu'un réalisme plus réaliste que le réalisme, ça puisse aussi m'intéresser.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h01
Vingt dieux! Et moi qui vient d'acheter les œuvres complètes de F. Nourissier!!! (Jamais rien lu de lui je crois bien..) 
En revanche, votre texte me rassure quant à l'impossibilité (honteuse) où je me trouve de lire et d'apprécier les grands romanciers américains. Mais c'est sûrement un tort!
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 21/10/2010 à 10h57
Depluloin, vous êtes prié de ne pas mettre le doigt sur mes lacunes culturelles, surtout en appuyant aussi fort.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h03
Si vos livres m'ont plu c'est sûrement parce que je n'avais pas l'impression de lire des romans! je n'arrive pas à lire de "vrais" romans. Là je viens de commencer Asiles de fous de Régis Jauffret (j'attends Monsieur le Comte!!! sont longs à la fnac.com), lu cinquante pages hier. je m'ennuie mon Dieu que je m'ennuie. Me suis pas du tout ennuyée avec Houellebecq!
François Nourissier ce ne sont pas des romans ses livres, c'est sa vie qui est un roman. Bien aimé tout ce que j'aie lu.
Commentaire n°3 posté par Ambre le 21/10/2010 à 12h34
Mais Asiles de fous est-il le meilleur livre de Régis Jauffret ? Il faudrait demander aux spécialistes. En tout cas Monsieur Le Comte risque de vous confirmer que tous les fous n'y sont pas.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h07
Hé bé, quelle histoire...
Commentaire n°4 posté par Moons le 21/10/2010 à 13h45
C'est justement la question que j'évite de me poser quand je me lance dans un projet !
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h09
Les meilleurs romans sont ceux qui nous changent, qui nous aident à mieux comprendre l'humain, ceux à propos desquels on peut dire qu'on n'en sort pas exactement le même que nous y sommes entrés. Mais un livre inutile, par contre, quel tragédie...
Commentaire n°5 posté par Sophie le 21/10/2010 à 14h10
Et qui change aussi, un peu, la littérature.
Un livre vraiment inutile ne l'est pas : il prend de la place et c'est précisément ce dont on manque le plus. Il est plutôt nuisible.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 14h25
Le principe d'incertitude est une belle règle de conduite littéraire : en fait, c'est le clavier (ou le stylo pour certains...) qui décide, et la "tempérance" qu'on lui accorde.
Il faut explorer le labyrinthe -- ou se laisser guider par ses chausse-trappes -- et au bout, c'est peut-être The Shining !
On en fait tout un roman (nouveau, un temps), du réalisme : passons sur.
Maintenant, un livre (qu'il soit de prose, de poésie, de peinture, d'imaginaire, de luminaire, de mer, de vieil océan...) qui transforme son lecteur aura réussi sa mission inavouée et précieuse.
Commentaire n°6 posté par Dominique Hasselmann le 21/10/2010 à 15h57
Il arrive souvent, heureusement, que derrière le roman se cache un livre.
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 19h34
«...j’ai envie de mettre le navire en danger.»

Où est le navire ?
Le poisson l'aura déjà mangé.
Commentaire n°7 posté par espace-holbein le 21/10/2010 à 18h37
Mais... je me reconnais ! (Comme j'ai grossi ! Vite, au régime !)
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 19h36
Lu et approuvé.
(Cela dit le roman est un genre qui n'en est plus un, tellement fourre-tout.)
Commentaire n°8 posté par albin le 21/10/2010 à 20h45
(C'est sans doute ce qui m'a permis de m'y fourrer.)
Réponse de PhA le 21/10/2010 à 20h54
 

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