J’ai
écrit des « romans » mais je n’aime pas tellement les romans. Je trouve
les romanciers gonflés d’écrire des romans, d’imposer des personnages,
de raconter des
histoires. De dire Voilà, c’était comme ça. C’était comme ça et pas
autrement. C’est ça qui s’est passé, pour telle raison. Et le monde,
c’est comme ça, c’est à ça que ça ressemble. Regardez
comme ça ressemble bien. Pas vrai que c’est comme ça ?
J’ai
trop de goût pour l’incertitude. J’aime les romans qui font bouger
le roman. Qui ne rentrent pas bien dans la boîte à
formes de quand on était petit. Ou bien les romans qui ne sont pas
du tout des romans. Ou des livres qui finissent par être des romans
alors qu’ils ne ressemblent pas du tout à des romans. Ou
évidemment des romans dont l’histoire n’est pas le sujet mais juste
une partie de la forme.
Je me suis engagé comme romancier mais au fond je préfère rester un agent double. (Ne le répétez pas mais j’ai envie de mettre
le navire en danger.)
En revanche, votre texte me rassure quant à l'impossibilité (honteuse) où je me trouve de lire et d'apprécier les grands romanciers américains. Mais c'est sûrement un tort!
François Nourissier ce ne sont pas des romans ses livres, c'est sa vie qui est un roman. Bien aimé tout ce que j'aie lu.
Un livre vraiment inutile ne l'est pas : il prend de la place et c'est précisément ce dont on manque le plus. Il est plutôt nuisible.
Il faut explorer le labyrinthe -- ou se laisser guider par ses chausse-trappes -- et au bout, c'est peut-être The Shining !
On en fait tout un roman (nouveau, un temps), du réalisme : passons sur.
Maintenant, un livre (qu'il soit de prose, de poésie, de peinture, d'imaginaire, de luminaire, de mer, de vieil océan...) qui transforme son lecteur aura réussi sa mission inavouée et précieuse.
Où est le navire ?
Le poisson l'aura déjà mangé.
(Cela dit le roman est un genre qui n'en est plus un, tellement fourre-tout.)