samedi 23 octobre 2010

Bingo ! (une caisse de tomates)

Nous transportons des livres et la police dit Bingo ! quand elle les trouve, et nous disons Bingo ! à son Bingo, parce que nous tenons tous alors, police, non-police, ce livre pour un Bingo – le Bingo de l’autre, si l’on veut. Or, je ne suis pas sûre que le livre soit un Bingo ni une fête. Le mode d’action d’un livre n’est pas binguiste ni festif ; sa performativité spécifique n’est ni binguiste ni fictive. Je sais bien que les livres qu’on remarque sont souvent conçus en termes binguistes et pour produire un Bingo ! chez le lecteur, l’éditeur, les médias et toute la chaîne-du-livre. Autrefois – autre, autre, autrefois – j’aurais dit qu’en ce cas ces livres sont des livres et non de la littérature ; aujourd’hui, un livre de littérature bon peut se concevoir binguiennement, tout replié sur lui pour produire l’élan typique qui le projette en tête de gondole, et sidère les gondoles, et dispatche les petits cœurs post-it scrupuleusement remplis par les libraires d’adjectifs binguiens tels que jubilatoire, savoureux, etc., et tous ces mots culinaires avec lesquels en France on décrit la littérature, et qui ne datent pas de Bernard Pivot, non, Bernard n’a fait qu’entériner une habitude plus ancienne : j’ai lu les mêmes adjectifs dans une série de fiches pédagogiques destinées aux lycéens des années 60, qui décrivaient indifféremment Colette, Paul Guth et Cholokov.
 
la police dit Bingo !, c’est ce qu’elle a fait en arrêtant* une « proche du groupe de Tarnac » et en découvrant une caisse d’Insurrection qui vient dans le coffre de sa voiture.
* Et en lui plaquant un revolver sur la tempe (voir plus loin).
 
Nathalie Quintane, Tomates, p. 54 à 56, POL, 2010.
 
Dans ces Tomates il est notamment question de l’incarcération de Julien Coupat, des Jumelles de Pierre Alferi (cette histoire d’un révolutionnaire emprisonné qui se fait baiser, dont j’ai déjà dit ou essayé de faire sentir tout le bien que j’en pensais), de Lire en fête, de livres, de littérature, de tomates. Leur rouge va bien à notre humeur insurrective du moment (nous = Monsieur Le Comte et moi). Allez donc sur Sitaudis lire les questions que vous vous posez déjà, ou sur Poézibao, ou sur le site de l’Humanité, où l’on peut écouter un autre passage que j’avais eu aussi envie de recopier bêtement, comme je fais toujours. 

Commentaires

Des tomates, des tomates? C'est encore la saison des tomates? J'avais comme le sentiment qu'on rentrait dans la pérode des topinambours, mais si c'est encore tomates, alors là oui bingo
Commentaire n°1 posté par petite racine le 23/10/2010 à 09h28
En tout cas c'est assurément de plus en plus la saison de ces tomates-là, en tout cas ; tant pour le climat général que pour l'affaire en question.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 12h04
Tiens... Nathalie Quintane, j'aime beaucoup d'habitude! Alors pourquoi cet extrait me laisse quelque peu... sur ma faim (!) ... désappointé? Vous m'en donnerez un bon kilo quand même! 
(Et j'attends toujours que l'on me livre Monsieur le Comte sur un plateau d'argent! Beau titre non? Je suis entouré de paresseuses, c'est une honte!;)
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 23/10/2010 à 11h03
C'est sûrement à cause de ma manière tout égoïste de citer les textes : je recopie ce qui me fait réagir, ça correspond à mon humeur du moment ; je ne cherche pas à extraire un passage exemplaire, sachant bien que c'est toujours en vain.
(Mon bon seigneur, je risque de monter moi-même un de ces jours jusqu'à la capitale ; je vous adresse un pneumatique dès que la date sera fixée. Peut-être trouverons-nous un instant pour nous rencontrer, si nous ne sommes pas trop immatériels ce jour-là.)
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 12h14
Le lancer de tomates est en voie de disparition : même dans les théâtres, on préfère se lever pendant la représentation, déranger tout un rang et s'en aller parce que cela déplaît à monsieur et madame, plutôt que de jouer à Hernani.
Le lancer d'oeufs est également tombé en désuétude (il faut dire que la fermière a augmenté ses prix sur le marché et que le "bio" est réservé à un usage alimentaire.
Le lancer de cailloux (moins ambitieux que celui des pavés) est à la mode : sans doute des souvenirs inconscienst de ricochets sur l'eau d'un lac à Gérardmer ou Annecy.
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 23/10/2010 à 12h53
Pourtant le théâtre est à la mode, sur les scènes les plus variées.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 14h50
Concernant les tomates : c'est bien pour l'actualité que je me disais que ça avait un petit goût de topinambour
Concernant Monsieur le Comte : il est toujours noté manquant sur le logiciel fournisseur de mon libraire, faut lui dire quand même qu'il nous manque effectivement, et qu'il faudrait qu'il se dépêche
Commentaire n°4 posté par petite racine le 23/10/2010 à 13h33
Mince alors ! La route qui reste à Monsieur Le Comte est pourtant bien longue encore pour qu'il soit déjà épuisé. J'aurais dû mettre un dérailleur à sa bicyclette.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 14h52
"C'est sûrement à cause de ma manière tout égoïste de citer les textes : je recopie ce qui me fait réagir, ça correspond à mon humeur du moment ; je ne cherche pas à extraire un passage exemplaire, sachant bien que c'est toujours en vain."
Bravo.
(pardon, suis en période de "régression" "commentatrice") 
Commentaire n°5 posté par Ambre le 23/10/2010 à 13h35
Régressez, Ambre, régressez ! (Je suis mal placé pour ne pas vous y encourager.)
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 14h54
Je ne me suis pas relu, donc PhA me mettra une mauvaise note en "frappe".
Mea culpa, j'admets la punition.
Commentaire n°6 posté par Dominique Hasselmann le 23/10/2010 à 13h57
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 15h00
Hum! Message bien reçu.
Commentaire n°7 posté par Ambre le 23/10/2010 à 15h30
Remarquez, il vaut mieux qu'il dise Bingo quand il lui lui plaque un révolver sur la tempe que "feu". Je vais m'offrir un kilo de ces tomates d'hiver ça va requinquer mes nerfs, un peu fragiles ces temps ci.
Commentaire n°8 posté par Zoë le 23/10/2010 à 16h53
Je rêve qu'un policier crie Bingo en trouvant Monsieur Le Comte sous les décombres de la bibliothèque et en pointant son revolver sur les cordons mycéliens de Gyrophana lacrymans.
Ces Tomates-là me paraissent en effet tout indiquées pour vos nerfs.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 17h34
Moi c'est l'inverse de Depluloin : Quintane m'emmerde d'habitude, et là non, ça m'a bien plus cet extrait. Vous êtes très fort PhA. Et "binguiste", j'aime énormément.
Commentaire n°9 posté par Anna de Sandre le 23/10/2010 à 17h37
C'est peut-être parce qu'elle ne prend pas la peine de "faire galoper le petit cheval", écrit-elle ailleurs (dans le même livre).
Un jour j'écrirai un livre binguiste, pour voir.
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 18h26
Quelques aromates sur ces tomates... Dingo ! ( je ne sais plus ce que j'écris).
Commentaire n°10 posté par Gilbert Pinna le 23/10/2010 à 18h05
(Confidence pour confidence, c'est souvent quand je ne sais pas ce que j'écris que je suis content du résultat.)
Réponse de PhA le 23/10/2010 à 18h29

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