Je ne sais pas si le buddleia davidii,
en fait de lépidoptères, attire vraiment aussi les
grands paons-de-nuit – mais aujourd’hui ce sera oui. (Ils ont en
tout cas une qualité en commun : leur aptitude, envers et contre tout, à
survivre.)
Un
entomologiste s’échine à élever en laboratoire des lépidoptères en voie
d’extinction. Parce que les femelles ne
pondent qu’exceptionnellement en captivité, c’est un combat à peu
près vain, il le sait, pour la plupart des espèces diurnes, décimées par
les pesticides. Quelques papillons nocturnes, en
revanche, s’accouplent en cage et, remis en liberté, flairent une
unique fleur à dix kilomètres. C’est pourquoi, il en est convaincu, le
Grand Paon-de-Nuit, vieux de trente millions d’années,
survivra presque seul au dernier papillon diurne.
Marcel Cohen, Le Grand Paon-de-Nuit, Gallimard, 1990, p. 131.
@ Depluloin : Vous nous enterrerez tous !