Avoir sept ans avant de partir
Elle est née dans un pays qu’on appelait la Guyane. C’est là qu’elle a vécu sa petite enfance, jusqu’à l’âge de sept ans. Et puis ses parents sont retournés en Martinique. Elle est « retournée » en Martinique – avec ses parents.
Quand il dit ces mots-là, ceux qui sont écrits juste au-dessus, il a l’impression d’écrire des mots de son enfance, son enfance à lui. Surtout Guyane. Mais même Martinique. Même Martinique, il se souvient de ce mot avant qu’il désigne quelque chose de sa vie réelle. Il se souvient de la Martinique avant la Martinique. Coïncidence. Lui aussi, il avait sept ans. Lui aussi, avant sept ans, il n’avait jamais vu la Martinique. Mais la coïncidence s’arrête là.
Car pour lui, avant sept ans, Martinique et Guyane étaient à peu près synonymes. C’étaient les noms des pays lointains et différents de l’enfance de sa mère. Les écoles n’y étaient pas en pierre meulière. Les arbres de la cour n’étaient pas des tilleuls élagués. C’était un ailleurs, un ailleurs à deux noms.
Je suis allé à la Martinique. Je suis allé au Gros Morne. Je suis allé à la plage de Sainte-Anne pour me baigner.
Alors que pour elle, à cet âge d’avant sept ans, c’était la Martinique qui était l’ailleurs, et la Guyane était l’ici.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire