L’étoile mystérieuse, encore. J’en connaissais des répliques par cœur. Tout le début, en tout cas. Encore maintenant, je n’ai pas besoin d’aller chercher l’album pour que Tintin dise à Milou « Regarde cette grosse étoile » et entendre Milou, qui vient de se cogner contre un réverbère, lui demander laquelle. J’ai tellement le souvenir de cette voix d’enfant que je m’entends encore lire « Qui, ça sent le hareng », au lieu de « oui » (c’est Milou encore, le double prosaïque et terrestre de Tintin qui hume l’air du large). Je ne distinguais pas le Q majuscule du O. Ça ne me gênait pas. C’était un âge où ne pas tout bien comprendre fait partie de la vie ; ça ne pose pas de problèmes.
L’étoile mystérieuse, c’est le seul album de Tintin qui évoque la fin du monde. Gros plan sur le visage en forme de croissant de lune de « Monsieur l’astronome », les sourcils froncés, qui même alors qu’il n’est plus en train de regarder le bolide qui se précipite vers notre planète ne voit que lui, fasciné, alors que Tintin en arrière-plan n’est qu’épouvanté.
La fin du monde, c’est par là que j’ai commencé à lire. D’ailleurs, un ou deux ans plus tard, ma première lecture non étiquetée « jeunesse » a aussi été post-apocalyptique ; c’était Ville sous globe, un roman d’Edmond Hamilton. C’est aussi ce que j’ai commencé à écrire, au sortir de l’enfance ; on en reparlera.
Je me souviens aussi que je n’avais pas tout de suite compris – il a fallu que je vois Francis en rire – l’humour dans l’explosion de joie de Tintin ainsi formulée : « la fin du monde est remise à une date ultérieure ».
Aujourd’hui, je dois sans doute me situer quelque part à mi-chemin entre Tintin et Hippolyte Calys : si je me réjouis encore que la fin du monde soit remise à une date ultérieure, je ne désespère pas d’y assister pour pouvoir la raconter dans un prochain livre.
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