vendredi 18 juin 2021

Sez Ner

Sez Ner est une montagne, Sez Ner est un alpage, Sez Ner est un roman d’Arno Camenisch qui, avec Ustrinkata (dont j’avais parlé ici) et Derrière la gare (dont j’avais parlé là) constitue le « cycle grison » – les Grisons dont l’auteur, de langue romanche même s’il écrit principalement en allemand, est originaire. Situés dans le même univers, les trois romans (qui se lisent indépendamment les uns des autres), n’en sont pas moins très différents dans leur tonalité : plutôt crépusculaire pour Ustrinkata, aux couleurs de l’enfance pour Derrière la gare, tout simplement « vert » pour Sez Ner, aurait-on envie de dire.

Dans Sez Ner, les personnages, du moins les quatre principaux, n’ont pas de nom : c’est leur fonction qui en fait office. Il y a l’armailli, l’aide-armailli, le vacher, le porcher. Les bouèbes. Je vous laisse chercher, Google est là pour ça. C’est dans leur travail qu’ils sont saisis, mais c’est un travail qui est une vie aussi. J’ai envie de rajouter, car c’est le cas pour eux aussi, le Vieux Gris, et aussi le Pignouf, qui ont des noms, tiens ; sans doute parce qu’eux, ce sont des chiens. L’un d’eux, tout de même, est un personnage tragique. Car s’il n’y a pas à proprement parler de récit dans Sez Ner, qui se présente plutôt comme une collection d’instantanés invitant le lecteur dans l’immédiate intimité des hommes et des bêtes (des vaches surtout, un bélier, des porcs bien sûr, des poules…), il y a quand même, non dite mais très sensible, une tension, oui, une tension tragique.

Les livres d'Arno Camenisch sont traduits par Camille Luscher et publiés par Quidam.



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