On
ne console pas une petite fille en colère si on ne peut comprendre que
ce qu’elle veut est ce qu’elle rejette, que ce qu’elle
rejette est ce qu’elle veut prendre mais qui est mal donné, parce
que la main le donne avec réticence. Dans le don, aucune hésitation
n’est de mise, aucune condition préalable. Le geste doit
couler de source et, comme dans un mouvement de gymnastique, partir
d’un seul souffle ample de celui qui donne à celle qui reçoit.
Il ne sert à rien, en dernière ressource, à bout d’arguments, de jeter ce qu’on devait donner à la figure de la petite fille en
colère, au risque de voir sa colère amplifiée dans des proportions incontrôlables.
Eugène Savitzkaya, Exquise Louise, Minuit, 2003, p. 69.
(Dominique ! ça faisait longtemps. ça avance ?)