[…]
!Où donc un homme, qui dans une certaine mesure a conçu
l’effacement-de-soi depuis-des-années, peut-il soudain trouver
en=lui la force de conviction et vouer toute son énergie à
apparaître-comme-personnalité – ; 1 homme (ajouta-t-il avec mépris) –
qui finalement s’est même abaissé à devenir écrivain
(:c’est avec une pince à charbon qu’il relevait le mot) – pour
donner un sens à sa vie. – L’avocat marqua une pause de circonstance,
jetant d’abord un regard vers moi du haut de sa stature, puis
vers la table où siégeait le Président.
– Cependant, en tant qu’écrivain
il n’a jamais su appréhender réellement le monde extérieur et, le
sentant, de
toutes=ses=forces, il s’est replié sur lui-même, sur ses lectures.
Mais dans ces profondeurs toutes personnelles – (de nouveau le regard de
cet exsangueplaire d’impertinence s’abaissa vers moi
comme vers un vulgaire batracien) – il n’a trouvé ni de quoi vivre
ni assez de talent pour ses ambitions d’écrivain. D’où notamment sa
faillite personnelle, professionnelle & commerciale. Et
une telle perspective, qui coupait court à. toutes ses intentions,
devait le conduire au désespoir & l’entraîner vers ce geste
désespéré. – (Monsieur Jeunavocat se racla la gorge
d’autosatisfaction=repue. Puis il amorça le rush final :) – n’ayant
en outre rien avalé de correct depuis des jours & pas même décroché
ce minable job de portier au service de ramassage des
ordures : pas de logement = pas de travail, le Vil Refrain, la
Vieillantienne, en d’autres mots : un individu !raté à la fois
comme !écrivain é: comme !homme, qui s’est
finalement détruit lui-même dans un esprit de suite qu’il a été
incapable d’appliquer s’agissant de sa vie. […]
Reinhard Jirgl, Renégat, roman
du temps nerveux, Quidam, 2010, p. 486.
Bien sûr derrière les citations que paresseusement je recopie il y a ma voix du moment
qui fausse un peu la donne. C’est vrai pour tous mes billets : tout ça
parle d’abord pour moi, après
tout ceci est un blog. Ce serait dommage néanmoins de se contenter
de cette seule page 486 de ce gros livre qui, tiens, en est aussi un
grand.
J'aime beaucoup le sous titre "roman du temps nerveux".