lundi 29 août 2011

comme écrivain & comme homme

[…] !Où donc un homme, qui dans une certaine mesure a conçu l’effacement-de-soi depuis-des-années, peut-il soudain trouver en=lui la force de conviction et vouer toute son énergie à apparaître-comme-personnalité – ; 1 homme (ajouta-t-il avec mépris) – qui finalement s’est même abaissé à devenir écrivain (:c’est avec une pince à charbon qu’il relevait le mot) – pour donner un sens à sa vie. – L’avocat marqua une pause de circonstance, jetant d’abord un regard vers moi du haut de sa stature, puis vers la table où siégeait le Président.
– Cependant, en tant qu’écrivain il n’a jamais su appréhender réellement le monde extérieur et, le sentant, de toutes=ses=forces, il s’est replié sur lui-même, sur ses lectures. Mais dans ces profondeurs toutes personnelles – (de nouveau le regard de cet exsangueplaire d’impertinence s’abaissa vers moi comme vers un vulgaire batracien) – il n’a trouvé ni de quoi vivre ni assez de talent pour ses ambitions d’écrivain. D’où notamment sa faillite personnelle, professionnelle & commerciale. Et une telle perspective, qui coupait court à. toutes ses intentions, devait le conduire au désespoir & l’entraîner  vers ce geste désespéré. – (Monsieur Jeunavocat se racla la gorge d’autosatisfaction=repue. Puis il amorça le rush final :) – n’ayant en outre rien avalé de correct depuis des jours & pas même décroché ce minable job de portier au service de ramassage des ordures : pas de logement = pas de travail, le Vil Refrain, la Vieillantienne, en d’autres mots : un individu !raté à la fois comme !écrivain é: comme !homme, qui s’est finalement détruit lui-même dans un esprit de suite qu’il a été incapable d’appliquer s’agissant de sa vie. […]
 
Reinhard Jirgl, Renégat, roman du temps nerveux, Quidam, 2010, p. 486.
 
Bien sûr derrière les citations que paresseusement je recopie il y a ma voix du moment qui fausse un peu la donne. C’est vrai pour tous mes billets : tout ça parle d’abord pour moi, après tout ceci est un blog. Ce serait dommage néanmoins de se contenter de cette seule page 486 de ce gros livre qui, tiens, en est aussi un grand.


Commentaires

De temps en temps, c'est en gagner qu'emprunter le temps des autres.
Commentaire n°1 posté par Zoë Lucider le 29/08/2011 à 13h04
Sinon à quoi ça servirait que Ducrocq se décarcasse ? (Tout écrivain devrait s'appeler Ducrocq, non ?)
Réponse de PhA le 29/08/2011 à 18h11
Un roman à ne pas mettre entre toutes les mains! ;)
J'aime beaucoup le sous titre "roman du temps nerveux".
Commentaire n°2 posté par Depluloin le 29/08/2011 à 16h39
Oui, un livre qui en pèse une bonne : un peu de muscle ne saurait nuire.
Réponse de PhA le 29/08/2011 à 18h12
La fable "La cigale et l'oiseau" était en cours de rédaction...
Commentaire n°3 posté par Dominique Hasselmann le 31/08/2011 à 10h01
Tiens, j'avais oublié cette cigale. Cette tourterelle a accompagné mes lectures de juillet.
Réponse de PhA le 31/08/2011 à 18h07

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