Le 13 février, un jeune homme, parti de Robinson, est allé dans la rue Saint-Lazare. Le 13 février, un jeune
homme, un homme jeune1 est parti de Robinson, furibard2. Il l’a dit à sa voisine : « Je suis furibard, ce matin », à sa voisine
de wagon qui, sans répondre, est descendue à Denfert-Rochereau. Il
lui a dit également qu’il était de Louvain, qu’il y avait grandi,
étudié, habité jusqu’à cette année même. Forcé3, à
Luxembourg, de sortir à l’air libre, il a traversé le jardin par le
chemin qui longe les grilles, s’est irrité, rue Vavin, contre le monde
qui encombrait le trottoir ; devant un magasin de
chemises intitulé Fais voir, Faut voir, ou bien A vous de voir,
a sorti, sans freiner, un papier de sa poche ou deux papiers ou trois,
des feuilles, une liasse mais l’a
à peine regardée, l’a remise en place, a pris à droite, s’est
engouffré dans le métro Notre-Dame-des-Champs ; à Saint-Lazare, il a
couru dans les couloirs, les escaliers, sur la place,
dans la rue jusqu’au 82, où il a disparu. Au bout de quatorze
minutes, il est ressorti, a tiré sur sa veste de chasse qui n’en a pas
besoin, longue déjà et large, deux comme lui pourraient y
entrer, a trépigné, est descendu, a pris la ligne 8 en direction de
Créteil-Préfecture ; à la station Chemin-Vert, est remonté à la
surface, a longé sur quelques mètres le boulevard
Beaumarchais, a croisé, sur la place des Vosges, un très, très vieil
homme qui marchait4, puis au numéro 27 de la rue de Turenne, a poussé la porte et rien ne sert de poireauter, cette
fois, il n’est pas ressorti.
1. Voir page 9.
2. Voir page 11.
3. Voir page 15.
Danielle Auby, La grande filature, Champ Vallon, 1997, p. 7-8.
(à cause du plan, peut-être)
Attendons demain.