mercredi 11 février 2009

fou rouge

Ici, avenue L.L., nous usons fréquemment de betterave rouge. De ce rouge cramoisi nous faisons de minces tranches qui rosissent nos doigts et nos lèvres. Ceux de M. sont à ce point ­rouges du jus de la betterave qu’ils rougissent ­tout ce qu’elle touche ou baise. Mangez de la betterave rouge, mes amis, et cultivez-la sans relâche ! Je promets d’en planter cette année dont février est tumultueux et froid. Je la planterai partout où cela sera permis. Et de la cuisson de cette betterave, les villes se mélange­ront comme se mélange la crème aigre blanche au jus de cette racine de vieille culture.
Et pendant que cuisent les légumes dans ­leur peau veloutée, on peut vaquer à ses occupations favorites. L’Égyptienne tricote sa vie alvéole par alvéole et le merle bègue tutoie le firmament.
 
Eugène Savitzkaya, Fou civil, p. 76
Le chou rouge est en train de réduire avec le lard et les échalotes dans une lourde marmite de vermillon et son fumet se répand dans l’appar­tement. On y met un filet de vinaigre, des ­pommes, du sel, du laurier et du thym, la noix du muscadier et le poivre une fois qu’il a diminué de moitié. Il ne faut pas se comporter avec le chou rouge comme avec le chou blanc, les deux cabus (cabuses caboches) n’ont pas du tout le même tempérament. L’un est rassis et poli autant que l’autre est fou du bleu de méthylène qui le gorge. Le chou rouge est le type même de la caboche alcoolique. La question que maintenant je me pose est : aura-t-on déposé un jarret ­de porc sur cette humble litière ?
 
Eugène Savitzkaya, Fou civil, p. 84



Commentaires

moi aussi j'aime le fou rouge
Commentaire n°1 posté par lady chatterley le 12/02/2009 à 10h03
C'est un fou délicieux.
Commentaire n°2 posté par PhA le 12/02/2009 à 13h10
ces inspirations culinaires m'inspirent. Merci!
Commentaire n°3 posté par cécile portier le 13/02/2009 à 12h14
Régalez-vous !
Commentaire n°4 posté par PhA le 13/02/2009 à 13h10

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