lundi 8 décembre 2025

Le Contrat, par Franquin et Kafka, épisode 91

C’était peut-être avant. La chronologie devient moins sûre. En tout cas c’était l’automne, et comme il faisait beau, Messerschmied avait décidé de se rendre chez Brunnen à pied, en passant par le parc. Prendre l’air, prendre soin de sa santé, c’était important. En tout cas c’était la dernière chance qu’il offrait aux établissements Brunnen. Il avait pris rendez-vous avec Monsieur Schlehe, qui l’attendait. Messerschmied n’était pas d’humeur à supporter la moindre contrariété. Le contrat serait signé le jour même, ou jamais. Au détour d’un chemin, Messerschmied aperçut une silhouette vaguement familière. Il identifia un employé des établissements Brunnen, justement, un sous-fifre ; c’est sûrement parce qu’il se rendait chez Brunnen qu’il l’avait reconnu. L’autre ne l’avait pas vu ; il s’amusait à donner des coups de pied dans les feuilles mortes. Il n’avait visiblement rien de mieux à faire. Et il avait l’air heureux, qui plus est. Heureux pour rien, heureux de rien. C’était à désespérer. Messerschmied désespérait. Messerschmied ne se rendit pas chez Brunnen ce jour-là.

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