samedi 13 septembre 2025

Souvenirs de mon père, 47 (bombardements sur Arras, 1944)

 Ce passage aussi est de sa main.


Tata avait également en pension Lucie, une des filles de la mère adoptive de Victorine. Aussi, le dimanche suivant, nous avons décidé, Lucie et moi, d’aller voir sur place le résultat des bombardements. Il y avait beaucoup de dégâts, surtout le dépôt des chemins de fer. Des voies étaient entièrement détruites. Alors que nous étions sur le pont de Ronville, entre la gare et le dépôt, une alerte a retenti et presque aussitôt les avions sont apparus et ont commencé à bombarder les voies. Ce fut la panique. Les gens couraient dans tous les sens. J’ai obligé Lucie à s’allonger sur le sol et à ne plus bouger. Les bordures du pont étaient formées de très hautes plaques en ferrure, en arc de cercle, elles étaient très hautes au milieu, où nous étions, ce qui faisait que si les bombes ne tombaient pas directement sur le pont, nous étions relativement à l’abri.

En fait, c’était bien le pont qui était visé mais heureusement, ils l’ont raté. Néanmoins, quelques éclats tombèrent non loin de nous. Lorsque les avions sont partis, la majorité des gens se sont enfuis vers le dépôt. Peu d’entre eux s’en sont sortis. Moi j’ai entraîné Lucie vers la gare en courant. Mais Lucie, qui était un peu forte, s’est vite essoufflée, elle s’est arrêtée et s’est appuyée contre un mur, le long de la gare, en criant qu’elle n’en pouvait plus. Je suis retourné sur mes pas, je lui ai passé les bras sous les épaules et je l’ai entraînée de force. Nous avons traversé la place de la gare en courant et nous sommes entrés dans la première rue donnant sur le centre ville.




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