mardi 16 septembre 2025

Ohé Pimoe

 

je ne la vois que de dos donc

et elle a pour visage l’océan devant elle

avec des yeux d’un bleu profond

mêlé de gris de vert

et un peu de bave aux lèvres

expression de colère

bien charmante tout de même

car j’en peux déduire qu’elle va

bientôt déferler sur moi

et m’emporter dans les vagues si bien formées qu’elles ne s’affaissent

jamais de ses seins

de ses fesses

il paraît que ses hanches et ses reins

ont parfois des creux de seize mètres

me confie un vieux marin

un soir de cuite

et crache ensuite

dans la crique

son jus de chique

restera dans toutes les mémoires

le souvenir de cette marée noire



Vous avez peut-être reconnu la voix de celui qui clame Ohé Pimoé dans le nouveau livre d’Eric Chevillard, tout juste paru chez Fata Morgana. S’éprendre d’une manière de mirage et devenir plus mirliton qu’un mirliton, une sorte de mirliton transcendant, n’est-ce pas somme toute notre sort commun ?
Le poème est annoté, pour dire les choses avec précision, par cent minuscules dessins eux aussi très précis, de Philippe Favier.



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