Ce passage est de sa main.
Je ne me suis pas contenté d’écrire, je me suis mis à lire beaucoup. Tata avait une assez bonne bibliothèque ; des livres classiques mais aussi tous les auteurs à la mode du début du vingtième siècle : Henri Bordeaux, Paul Bourget, Pierre Benoît, Gérard d’Houville, Henri Ardel, François Mauriac, Maxence Van der Meersch, Daniel-Rops. Ces deux derniers étaient à l’époque mes auteurs favoris.
Le cousin germain de Maman, Henri de Mortain, habitait à Arras avec sa femme, que nous appelions Tante Solange, et leurs trois fils : Jean, un peu plus vieux que Milou ; Henri, un peu plus vieux que moi ; et Robert, un peu plus jeune que moi. Henri avait suivi des cours de secourisme et s’était enrôlé dans les brancardiers volontaires. Nous nous rencontrions souvent. Henri, qui était très affectueux, s’inquiétait toujours de ma santé. Il suivait des études d’architecture par correspondance.
Avant le débarquement puis jusqu’au mois d’Août, il y a eu vingt-trois bombardements sur Arras dont un terrible bombardement de nuit, qui dura très longtemps et fit beaucoup de victimes. Le premier bombardement eu lieu le 27 avril dans l’après-midi, ce sont surtout les environs de la gare et le dépôt qui furent touchés. Mais il y a eu pas mal de victimes. Je n’ai su que plus tard que mon cousin Henri était parti porter secours aux blessés. Il y a eu un second bombardement. Pendant les secours, les secouristes ont été touchés à leur tour. Ce fut tragique. C’est également plus tard que j’ai appris que mon cousin avait été porté disparu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire