Je viens de lire quasi d’une traite La brave bête du coin, de Joao Gilberto Noll et traduit du portugais (portugais du Brésil) par Dominique Nédellec pour les éditions DO. Le livre est paru en 2018, peu après le décès de l’auteur.
C’est juste extraordinaire. De cet extraordinaire qui laisse peu de place au commentaire, comme c’est souvent le cas des livres publiés chez DO. Un récit bref, dont la brièveté même fait sens : le temps y passe si vite que le narrateur même – c’est un récit à la première personne – ne le voit pas passer, sauf à en voir les ravages chez les quelques personnes qu’il côtoie. Il est lui même porté par les événements, bien plus agi qu’acteur, sans prise sur le monde qu’il entoure et quasi sans compréhension, et dans l’acceptation de sa condition. Il faut dire qu’il est chanceux, ou peut-être pas. Mais il vaut mieux le lire. Ça commence comme ça – et déjà le temps passe vite :
« Un jus noir me dégoulinait des mains sous le robinet, je venais de perdre mon boulot, je disais adieu à ce cambouis pas facile à enlever.
Un jus noir qui dégoulinait, trois mois ont passé depuis, et j’ai pris l’habitude de tuer le temps en traînant en ville, léger abattement en me voyant dans le miroir d’une pissotière, mais rien qu’un garçon de dix-neuf ans ne puisse dissiper en marchant encore un peu. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire