Ébloui, je sors à l’instant de L’Antre de Brian Evenson, qui peut être lu comme un court roman – une novella, comme on aime à dire outre-Atlantique – de science-fiction post-apocalyptique ; en effet c’en est un, c’en est une. L’antre est l’espace où le narrateur de l’Antre vit, pense et écrit son rapport. La vie hors de l’antre est impossible au-delà d’une durée très courte néanmoins non précisée par le terminal, intelligence de l’antre et seule entité, clairement d’origine technologique, avec laquelle le narrateur puisse communiquer – plus ou moins efficacement. Mais qui est le narrateur de l’Antre ? « Qu’entendez-vous par personne ? » lui demande en précision le terminal. Car c’est là l’essentielle question. Est-on une personne ? Est-on humain ? Humain et personne sont-ils synonymes ? Est-on une seule personne ? La confrontation à autrui, hors de l’antre, peut-elle permettre de répondre à ces questions ?
En effet, suffisamment tôt dans le récit pour qu’on puisse se permettre de le dire sans gâcher le plaisir du lecteur, on comprend que, pour dire les choses un peu vulgairement, le narrateur est plusieurs dans sa tête. Être plusieurs dans sa tête, c’est se souvenir de ce qui a été pensé par d’autres avant soi. Je le précise parce que, pour moi, se souvenir de ce qui a été pensé par d’autres avant soi et écrire son propre rapport, j’appelle cela la littérature.
L’Antre vient tout juste de paraître chez Quidam éditeur, dans une traduction de Stéphane Vanderhaeghe.
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