dimanche 15 septembre 2013

un vêtement politique original et oralement reconnaissable


La société est désireuse d’étoffer ses offres de services cependant la parole publique est en fripes. Elle s’habille low cost.
L’expression générale mange mou comme les enfants ou les vieux et forcément, la suite logique de ce régime quotidien c’est qu’elle ne peut plus mâcher ni mordre quoi que ce soit de solide.
 
 
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Elle ingurgite des pensées liquides qu’elle répand sur son entourage. Sa cuisine ne régale personne. Elle est confectionnée par l’habitude, à l’image de ces femmes qui voient un banjo dans une casserole, avec une envie terrible d’en jouer et de dire une bonne fois pour toutes Non je ne sais pas cuisiner. Je n’ai jamais su le faire et en plus je n’aime pas le faire. J’arrête aujourd’hui cette mascarade. Je vais marcher. Sur la route je n’aime pas les bois. Les arbres se taisent et je veux parler avec quelqu’un.
 
Je file pour tisser ensuite mon vêtement social et ma politique, en observant ceux des autres pour apercevoir les miens.
Un fil, des fils discutent, ils s’enroulent entre eux, ils s’entrecroisent et très vite un filet est obtenu qui mettra les mots en cage comme des papillons. Ils seront pris au piège des fils, tissés jusqu’à la confection d’un vêtement politique original et
 
 
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oralement reconnaissable.
 
Marie Rousset, Conversation avec les plis, éditions de l’Attente, 2013, p. 48-49.
 
 
http://www.editionsdelattente.com/site/www/images/livre/couverture/139.jpg

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